Continuities and Discontinuities in the Human Settlement of the Aquitaine Basin between 19.5 cal. ka BP and 13.5 cal. ka BP: The Radiocarbon Evidence
Continuités et discontinuités dans le peuplement humain du Bassin aquitain entre 19,5 cal. ka BP et 13,5 cal. ka BP : les données radiocarbone
Résumé
Previous studies of Magdalenian 14C dates (ca. 19.5-13.5 cal. ka BP) in the western Aquitaine basin have found a disparity in continuity of occupation between the northern part of this western basin (Gironde) and the southern part (western Pyrenees), with a lack of occupation in the northern part ca. 17.5-15.5 cal. ka BP (corresponding to the Late Middle Magdalenian), interpreted as a local depopulation episode triggered by environmental factors. Here we expand on that research to see whether this pattern holds on a wider geographic scale. We compiled a corpus of 373 14C AMS dates from the five sub-regions of the Aquitaine basin. Results confirm that other northern regions (Vienne and Charente) are also virtually devoid of occupation between 17.5 cal. ka BP and 15.5 cal. ka BP, and that the northeast of the basin (Dordogne and Lot) also shows a decline in the number of occupations at that same period, although we do evoke the possibility that this pattern might be due partly to sampling biases. Our results show that the western Pyrenees pattern of continuous occupation holds true also for the southeastern part of the basin (central Pyrenees). Other areas (Centre east) are more difficult to interpret, largely because of the lack of 14C data. These findings lead us to reconsider some previously held tenets about the demography of the Aquitaine basin after the LGM: for instance, the role of the basin as a base for post-LGM population movements towards more northern regions of Europe; and the interpretation of some Pyrenean sites as “aggregation sites”. We end by proposing some avenues for further testing of these various scenarios.
Le Bassin aquitain a fréquemment été caractérisé comme une des régions d’Europe de l’Ouest présentant le peuplement le plus dense et le plus continu pendant et après le Dernier Maximum glaciaire. À l’échelle locale, des contrastes apparaissent cependant. Un projet portant sur le Magdalénien de l’ouest aquitain (projet Magdatis) a ainsi montré l’existence d’un peuplement magdalénien continu dans le piémont des Pyrénées occidentales, tandis que, de l’autre côté du Sable des Landes, les plaines de Gironde montraient un hiatus documentaire entre 17,5 cal. ka BP et 15,5 cal. ka BP (Magdalénien moyen récent). Ce hiatus avait été interprété comme un épisode local de dépeuplement lié aux conditions environnementales rigoureuses du HS1a-b. L’objectif de cette étude est de prolonger ce travail en recherchant si un événement similaire peut être observé ailleurs dans le Bassin aquitain, en nous appuyant sur les données radiocarbone. Le Bassin aquitain a été divisé pour cela en cinq sous-régions (nord-ouest : nord de la Gironde, Charente et Vienne ; nord-est : Dordogne et Lot ; centre-est : Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne ; sud-est : Ariège, Haute-Garonne et Hautes-Pyrénées ; sud-ouest : Pyrénées-Atlantiques et sud des Landes). Les limites chronologiques de l’étude ont été fixées à 19,5 cal. ka BP et 13,5 cal. ka BP, soit la période s’étendant entre la transition du Magdalénien inférieur au Magdalénien moyen et le début de l’Azilien. Au total, 373 dates 14C ont été compilées de plusieurs sources (publications, base Banadora, littérature grise avec autorisation des auteurs), en excluant les dates provenant de contextes naturels et les dates non AMS. Des graphiques de dates calibrées ont été réalisés pour chaque sous-région, et des cartes de chaleur des sites magdaléniens dans le Bassin aquitain ont été dressées pour trois intervalles de deux mille ans : 19,5-17,5 cal. ka BP, 17,5-15,5 cal. ka BP et 15,5-13,5 cal. ka BP. Ce travail confirme l’extrême rareté des indices de présence humaine dans l’ensemble de la sous-région nord-ouest durant l’intervalle 17,5-15,5 cal. ka BP (trois dates sur trois sites, toutes discut-ables). Dans la sous-région nord-est, le nombre de sites (et de dates) est nettement réduit pendant ce même intervalle par rapport aux phases précédente et suivante : seulement quatre ensembles archéologiques et une sépulture. Les données de la sous-région centre-est sont difficiles à interpréter par manque de dates 14C en nombre suffisant. Enfin, le corpus de dates des sous-régions sud-est et sud-ouest confirme la continuité du peuplement magdalénien dans les Pyrénées centrales et occidentales, avec même une surreprésentation de l’intervalle 17,5-15,5 cal. ka BP, qui correspond à la phase d’occupation la plus intensive de plusieurs sites majeurs. Cette image contrastée est peut-être en partie due à des biais de conservation des sites et de fermeture des cavités, ou à un manque de datations pour certaines séquences importantes, en particulier dans le nord-est. Quoi qu’il en soit, ces résultats invitent à nuancer le rôle démo-graphique du Bassin aquitain au Magdalénien : il est devenu possible d’envisager que, pendant une partie de cette période, ce bassin ait pu n’être qu’une marge de peuplement du monde magdalénien. La rareté relative des indices de peuplement humain dans le nord du bassin pendant l’intervalle 17,5-15,5 cal. ka BP pourrait également changer notre interprétation de certains caractères du Magdalénien des Pyrénées à cette période : la fréquence de certains objets spécifiques rares ailleurs dans le bassin, et l’intensité de fréquentation de certains gisements classiquement vus comme des sites d’agrégation pourraient ainsi être vues sous un nouvel éclairage. L’appro-fondissement de cette enquête nécessitera : l’enrichissement du corpus de dates 14C par AMS pour les régions nord-est et centre-est ; l’extension de la zone d’étude vers l’est (contreforts du Massif central) ; la comparaison avec les réseaux de circulation de matières premières, lithiques en particulier ; la comparaison avec les dates provenant de séquences naturelles dans la même région ; et une mise en parallèle plus fine des fluctuations de peuplement avec les changements environnementaux.
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