La fouille d’Eckwersheim / Burgwegrechts a permis d’étudier, sur une surface d’un peu plus de 4,5 ha, plusieurs occupations successives, dont les datations s’échelonnent du Néolithique récent à l’époque romaine, ainsi que quelques structures agricoles modernes et contemporaines. Pour le Néolithique récent, une vingtaine de structures, pour l’essentiel des silos, sont regroupées dans la partie occidentale de la fouille. Elles correspondent à un petit habitat du Munzingen récent. Quelques tessons de creuset et un petit fragment de lingot de cuivre indiquent la production d’objets métalliques sur le site qui accueille ainsi les premières traces de métallurgie, et non pas seulement des objets en cuivre, dans la vallée du Rhin supérieur. L’occupation de l’âge du Bronze correspond à l’extension méridionale de la nécropole de la forêt de Brumath. Une demie douzaine de structures ont livré du mobilier du Bronze moyen (Bz B-C), parmi lesquelles deux correspondent à des dépôts de crémation. La nécropole prend une importance beaucoup plus grande à la transition du Bronze moyen et du Bronze final (Bz D – Ha A2) : 65 dépôts funéraires sont décomptés pour cette période. L’étude du mobilier céramique a permis de proposer une distinction entre les parties anciennes et récentes du Bronze D. Au Hallstatt C2-D1, deux grands tumuli sont installés à l’emplacement des principales concentrations de tombes de l’âge du Bronze. Conservés sur 30 à 60 m de diamètre et de 40 cm à 1 m de hauteur, ils accueillaient, autour de tombes centrales importantes, une ou plusieurs couronnes de sépultures adventices, installées dans la masse des tertres pendant le Ha D1-D2. Deux autres monuments, plus petits, ont également été reconnus. La sépulture principale du tumulus no 1, quoique très arasée et mal conservée, a livré les vestiges d’une chambre funéraire dans le coin de laquelle avait été déposée une petite situle en bronze de type Kurd, amenant à une trentaine le nombre de ces objets connus en Europe. Quelques structures domestiques gauloises trahissent ensuite l’existence d’une occupation, dont il n’est pas possible de dire grand-chose, sinon qu’elle se développait en dehors de l’emprise de la fouille, vers le nord. Enfin, à la transition entre la fin du Ier siècle avant J.- C. et le début du Ier siècle après J.-C., on assiste à la mise en place d’une nécropole rurale. Les premières structures, six dépôts de crémation, sont regroupées dans la partie nord du site. Entre 40 et 70 après J.- C., au moins six vastes enclos sont aménagés dans la moitié sud de la zone fouillée ; ils accueillent chacun une ou deux sépultures à incinération. Leurs dimensions et la nature de certains objets déposés dans les tombes permettent de s’interroger sur les phénomènes de romanisation à l’œuvre dans la vallée du Rhin supérieur au premier siècle. Dans le courant du IIe siècle, la nécropole semble péricliter, et seul le secteur septentrional est encore utilisé. Il accueille alors un petit groupe de tombes, installées dans la masse du plus important des tumuli du Hallstatt. Les derniers vestiges mis au jour sur le site sont des structures agricoles modernes et contemporaines. La plupart sont des silos à betteraves, installés le long d’un chemin agricole aujourd’hui disparu mais bien visible sur les photos aériennes des années 1950. D’autres forment deux lignes parallèles de creusements allongés, certainement destinés à accueillir les supports de superstructures qu’il est difficile de restituer. On note également trois vases de bornage des XVIIe-XVIIIe siècles.