A une quinzaine de kilomètres à l’ouest de la ville d’Aix en Provence, le piémont méridional de la montagne Sainte Victoire conserve un remarquable patrimoine archéologique étudié, depuis plusieurs décennies, dans le cadre de programmes de recherche collectifs portés par le CNRS-Aix Marseille Université. Sur le piémont de Puyloubier se distingue le site de Richeaume qui offre, au sein de la haute vallée de l’Arc, une richesse et une diversité de vestiges archéologiques antiques et médiévaux, entre 315 et 325 m d’altitude, répartis de part et d’autre du ruisseau de la Naisse. Entre 1997 à 2012, des fouilles archéologiques associées à des études paléoenvironnementales ont révélé un vaste domaine agricole occupé du Ier siècle av. n.è au début du VIe siècle de n.è. (villa et aqueduc de Richeaume I), un certain nombre d'installations agricoles (Richeaume II, V, VI, VII et VIII) et un espace funéraire (Richeaume XIII). En rive droite de la Naïsse, la villa reconnue sur 3000 m2 environ au sud et à l’est de la bastide actuelle, est implantée sur une éminence dominant, à l’ouest, le ruisseau de la Naïsse. Succédant à un petit établissement agricole du Ier s. av. n.è., le site connait une occupation du Ier s. au début du VIe s. de n.è puis du XIe s. à nos jours. Dès le milieu du Ier siècle de n.è., le site de Richeaume I se distingue par la mise en place d’une topographie en terrasses, sur l’éminence et les versants. Sur la zone centrale de l’éminence se développe la partie résidentielle de la villa alors alimentée en eau par un long aqueduc dont les eaux étaient captées plus au nord : salles décorées de peintures polychromes et de placages de marbre, pièces thermales, cours, péristyles et bassins d’agréments. Sur le versant occidental, les vestiges d’installations agricoles, chai et pièces d’habitations, sont moins bien conservées. Sur le versant oriental, en aval d’un mur de clôture, est élevé un long mur de digue nord-sud bordant un ancien cours d’eau traversé par un aqueduc. Dominant au nord-est la villa, l'espace funéraire de Richeaume XIII est implanté sur une haute terrasse en rive gauche de la Naïsse. Mis au jour partiellement sur 800 m2, cet espace, associé à la villa, conserve quarante trois structures funéraires réparties au sein de deux phases d’occupation, entre le milieu du Ier au milieu du IIIe siècle puis de la seconde moitié du IIIe au IXe s. de n.è. Contemporain de la construction de la villa, le premier aménagement correspond, au milieu du Ier s., à un profond creusement du substrat visant à construire un monument de plus de 166 m2 bordé d’un niveau de circulation extérieur en creux. Elément marquant dans le paysage, ce monument, relativement bien conservé, a été érigé en opus vittatum. L’intérieur de cet édifice comportait uniquement, hormis deux fosses de plantation, deux grands bûchers et une sépulture secondaire riche en mobilier (balsamaires, tabletterie, objets de parure en or et en bronze, coffre en bois, épingles, graines…). Cette sépulture conservait, dans une fosse profonde comblée par le résidu de crémation, une urne en plomb contenant une urne en verre dans laquelle étaient déposés les fragments osseux, un balsamaire et des objets de parure en os. Le scellement de ce monument et la dépose d’un marqueur central, aujourd’hui disparu (colonne, poteau ?), interviennent dans la moitié du IIe s. Des structures de crémation sont alors implantées, à l’extérieur, au nord et au sud du monument Lors de cette première phase d’occupation se distingue la présence d’une aire d’inhumation réservée aux très jeunes immatures, à l’extrémité nord de l’espace funéraire. La seconde phase d’occupation, au cours de l’Antiquité tardive et du Haut Moyen-âge, ne concerne que la bordure méridionale de la nécropole. Douze sépultures à inhumation de sujets adultes et immatures présentent des gestes funéraires complexes (bâtières de tegulae ou de lauzes, réouverture de fosse pour nouvelle inhumation, réductions…). Cette variabilité des rites funéraires présente sur le site de Richeaume XIII, du Haut Empire au Haut Moyen-âge, est révélée par l’approche interdisciplinaire (anthropologie, anthracologie, carpologie, mobilier archéologique).