On se propose de réfléchir au statut des récits de vie d’ascendants par rapport au plus vaste ensemble qu’on nomme tantôt « mémoires », tantôt « autobiographie », notamment selon l’accent qui est mis sur l’importance de la filiation et des déterminations familiales. On voudrait ici interroger les frontières des mémoires par rapport à l’histoire généalogique et se demander quel est le degré d’autonomie de cette forme d’écrit particulière : la biographie parentale ou ancestrale. Se développe-t-elle particulièrement à l’époque moderne ? Est-elle un moment de l’histoire littéraire ou plutôt, comme on le suppose, une donnée anthropologique du temps long qui se poursuivrait entre autres jusqu’à l’entreprise de Marguerite Yourcenar dans le Labyrinthe du monde et à celle d’Annie Ernaux dans La Place ? Quels effets l’évocation de la vie des ascendants, de ceux qui précèdent exerce-t-elle sur l’ordre du discours tenu dans les mémoires ? La remontée au-delà de sa propre génération introduit-elle quelque chose comme un effet de causalité ? Faut-il considérer que la biographie d’ascendant fait partie des mémoires au titre d’une de ses parties ou d’un de ses satellites ou bien, en inversant le point de vue, doit-on considérer que c’est l’un des sous-genres de l’écriture mémorialiste ? Voici quelques-unes des questions abordées dans un parcours chronologique couvrant les XVIIe et XVIIIe siècles français.