Bérangère de Navarre, femme de Richard Coeur de Lion et reine d’Angleterre a été  inhumée en 1230 dans l’abbaye cistercienne de l’Épau.En 2020, le déplacement de son gisant du chapitre à l'église, lieu actuellement supposé de sa sépulture, a permis la reprise de la fouille de la tombe du chapitre. Le squelette d'une femme d'environ 65 ans, étudié en 1963 par le Dr Jean Dastugue, et attribué à l'époque à la reine Bérengère, a fait l’objet d'une nouvelle étude anthropologique et paléopathologique. L’apparente gracilité de la fibula gauche correspond à une hypotrophie des reliefs d’insertions musculaires des releveurs du pied. L’association de ce « pied tombant » à une empreinte de hernie discale sur le plateau inférieur de la cinquième vertèbre lombaire évoque une sciatique paralysante. La présence de signes d'arthrose secondaire sur la ceinture scapulaire droite plaide pour une compensation du handicap par l'utilisation d'une canne. Aucune source écrite connue ne mentionne ce déficit physique chez Bérengère, ne permettant donc pas d’associer ces ossements à la souveraine. Seule la localisation de la sépulture dans la salle du chapitre souligne le haut rang dans la société médiévale de la personne inhumée. L’étude, encore en cours, sera complétée par l’utilisation d’outils d’imagerie pour confirmer le diagnostic de paralysie sciatique et caractériser l’adaptation de l’individu à sa condition. La quasi inexistence de cette entité nosologique dans la bibliographie paléopathologique amène à s'interroger sur l'évolution des outils diagnostics dans l'histoire de cette discipline.