C’est dans un style camp [Sontag, 1961] et avec une esthétique « horrible », voire « à chier », que Sexy Sushi développe un univers techno-punk et underground de 2001 à 2013. Au fil des textes, la chanteuse et parolière Rebeka Warrior installe une terreur queer [Fray Baroque & Tegan Eanelli, 2020] et se réapproprie des éléments de la culture populaire pour menacer directement la société hétérosexuelle [Wittig, 1992]. Elle s’impose dans les sphères masculines straight en invectivant les marginales à être fières, à occuper l’espace public, [Despentes, 2006] et en lesbianisant les hétérosexuelles. Cependant, les femmes ayant des relations sexo-affectives avec Warrior ne sont pas mieux traitées dans un couple lesbien, au contraire. Une violence est omniprésente, à la fois psychologique et physique, allant jusqu’au féminicide, qui rejoue les normes de l’hétérocentrisme [Péron, 2015]. Dans ma communication, je prévois l’analyse littéraire des paroles de six albums de Sexy Sushi (Marre marre marre, 2008 ; Tu l’as bien mérité !, 2009 ; Mauvaise foi, 2010 ; Cyril, 2010 ; Flamme, 2011 et Vous n’allez pas repartir les mains vides, 2013) pour comprendre comment Rebeka Warrior instaure ce régime de terreur vis-à-vis des hétérosexuels, mais aussi des lesbiennes. Pour ce faire, je relèverai les itérations de références à la culture populaire – souvent masculines – et examinerai comment Warrior se forge une persona virile, en questionnant quel type de masculinité elle incarne [Vörös, 2020]. De là, j’étudierai la manière dont elle met en scène ses relations amoureuses, en analysant les multiples situations qu’elle chante. Cette analyse s’appuiera également sur les interviews du groupe, pendant et après leurs années d’existence, pour voir si cette terreur reste dans le cadre de la performance musicale ou si elle déborde dans le champ journalistique. Enfin, un entretien pourra être mené avec Rebeka Warrior, afin d’obtenir un retour sur expérience et savoir à quel point cette terreur queer était conscientisée ou non. Je m’inscrirai donc dans l’axe 1, en étudiant la façon dont Sexy Sushi subvertit les codes de l’amour hétérosexuel en se les réappropriant, et dans l’axe 3, en m’intéressant aux violences que Rebeka Warrior impose à ses partenaires.