Dans le numéro 81 des Cahiers d’Études germaniques, Susanne Böhmisch et Marie-Thérèse Mourey proposent une réflexion approfondie sur le statut des femmes dans les différentes disciplines artistiques (peinture, théâtre, photographie, danse, cinéma, littérature, etc.), sur leurs pratiques esthétiques et leur rapport à la création. Cette question fait aujourd’hui l’objet de débats toujours renouvelés qui portent entre autres sur l’« invisibilité » ou le « processus d’invisibilisation » (p. 11) des femmes dans l’historiographie des arts. Si des expositions récentes ont mis en lumière l’originalité de ces femmes créatrices, voire leur caractère de « pionnières », il n’en reste pas moins qu’elles ont pour la plupart été marginalisées, sinon occultées dans l’histoire des arts, comme le montrent bien Susanne Böhmisch et Marie-Thérèse Mourey dans leur avant-propos. Ce sujet, à la fois foisonnant et ambitieux, incite cependant à « la prudence dans les jugements que l’on pourrait être tenté de porter » (p. 13). Les coordinatrices du volume expliquent ainsi « qu’il exige également de mesurer avec délicatesse et sans anachronisme les œuvres d’art, à l’aune de critères qui ne sont pas forcément ceux d’aujourd’hui » (ibid.). Que les femmes artistes aient été reconnues ou, au contraire, qu’elles soient restées dans l’ombre, il importe ainsi de tenir compte des conditions de production, de diffusion et de réception de leurs œuvres et des différents processus historiques qui y ont présidé.