Le vidéomapping architectural, médium reposant sur l’articulation entre un contenu audiovisuel et un lieu-support spécifique, apparaît comme un objet peu commun et opportun pour repenser le rapport entretenu entre l’œuvre et son lieu d’effectuation. En effet, cette pratique in situ consisterait d’une part, à quitter l’atelier pour faire « naître l’œuvre de l’espace dans lequel elle s’inscrit ». Mais elle implique d’autre part la création d’un contenu audiovisuel, dont le travail besogneux semble difficilement pouvoir se passer du studio. Ma réflexion émerge de cette tension : l’atelier, entendu comme lieu de l’œuvre en train de se faire, prend-il avec le vidéomapping un nouveau mode d’existence ? Comment les spécificités de ce médium sont-elles appréhendées par un studio d'animation, ancré par les processus techniques complexes et exigeants de l’image animée ? Comment s’effectue cette sortie du cadre, tant formelle que contextuelle ? Finalement, comment le rapport à un lieu comme support remodèle-t-il la topoïétique d’un projet audiovisuel ? Le cas d'étude - la réalisation du vidéomapping immersif Jardins Enluminés (Palais des rois de Majorque à Perpignan) par le studio Les fées spéciales - permet d'approfondir la manière dont un studio d'animation peut s'ouvrir et s'adapter à de nouvelles pratiques.