Des porcelaines de Chine débarquées au Havre (1844-1854)
Résumé
Just a few months after the signing of the Treaty of Huangpu 黃埔條約 (also known as the Treaty of Whampoa, 1844), a company of Le Havre shipowners by the name of Ferrère and Morlot began trading in Chinese porcelain imported directly from Canton. The Lafayette, the Gustave, the Maupertuis and other three-masted ships in the company brought back a large quantity of porcelain from their voyages, which was sold in Le Havre at private sales or auctions, in the ballroom or at the Le Havre stock exchange. Between 1844 and 1854, a dozen sales were organised as the ships came and went. Behind these sales was an intermediary, Émile Tastet (1799-1882), himself a shipowner from the Landes region, who promoted these works to Parisian collectors by distributing sales catalogues from his address on the Boulevard des Italiens and canvassing museums. The Musée Céramique de Sèvres was particularly interested in these "modern" works, which gave an idea of porcelain production in China in the 19th century, and bought several pieces from him. Émile Tastet probably built up a stock through these transactions, enabling him to organise his own sales at Hôtel Drouot in the early 1860s.
Based on extensive research into the press of the period, the roles of merchant vessels in the Seine-Maritime departmental archives, and the archives of the Sèvres ceramics museum, this paper aims to present the untold story of Chinese porcelain on Le Havre's ships in the decade following the forced opening up of China to the Western powers.
À peine quelques mois après la signature du traité de Huangpu 黃埔條約 ( aussi appelé traité de Whampoa, 1844), une société d’armateurs havrais du nom de Ferrère et Morlot se lance dans le commerce des porcelaines chinoises importées directement depuis Canton. Le Lafayette, le Gustave, le Maupertuis, et autres trois mâts de la compagnie, rapportent de leurs voyages quantité de porcelaines qui sont écoulées au Havre, lors de ventes gré à gré, ou ventes aux enchères, dans la salle des bals ou à la Bourse du Havre. Entre 1844 et 1854, une dizaine de ventes sont organisées au fil des allées et venues de ces navires. Derrière ces ventes se trouve la figure d’un intermédiaire, Émile Tastet (1799-1882), lui-même armateur originaire des Landes, qui promeut ces œuvres auprès des collectionneurs parisiens, en distribuant les catalogues de vente à son adresse du boulevard des Italiens, et en démarchant auprès des musées. Le musée céramique de Sèvres se montre particulièrement intéressé par ces œuvres « modernes », capables de rendre compte de la production porcelainière en Chine au XIXe siècle, et lui achète plusieurs pièces. Émile Tastet constitue probablement un stock au fil de ces transactions, ce qui lui permet d’organiser ses propres ventes à l’Hôtel Drouot au début des années 1860.
Basée sur un important travail d’identification dans la presse de l’époque, dans les rôles des bâtiments de commerce des archives départementales de Seine-Maritime, ainsi que dans les archives du musée de céramique de Sèvres, cette communication a pour but de présenter l’histoire inédite des porcelaines chinoises dans les navires havrais au cours de la décennie qui fait suite à l’ouverture forcée de la Chine aux puissances occidentales.