La guerre en Ukraine a bouleversé le marché gazier. Ce dernier était censé se mondialiser au même titre que celui des autres commodités. Sous la houlette des réformes de dérégulation/libéralisation d’abord menées aux États-Unis puis suivies par les Européens à la fin des années 1980, ce marché s’acheminait vers une globalisation qui visait à intégrer au fur et à mesure différentes régions à travers le monde. Mais l’instrumentalisation du gaz durant le conflit ukrainien change la donne. Le projet néo-libéral sous-jacent à la mondialisation du marché gazier est aujourd’hui sérieusement bousculé. Après les secousses dues à la pandémie du Covid-19, le volet gazier de la guerre en Ukraine est en train de compromettre la marchandisation totale de ce produit stratégique. La remise en cause de la mondialisation néolibérale n’implique pas l’arrêt de l’internationalisation des échanges gaziers. Mais ce processus en cours ne débouchera pas, pour autant, sur un marché unifié. Une organisation nouvelle se dessine dont les contours restent à définir. Le questionnement est d’autant plus pertinent que la nouvelle configuration du marché gazier va obligatoirement s’intégrer dans les changements globaux marqués par une « démondialisation », par un renforcement des « BRICS » et par les évolutions géostratégiques. Que vont devenir les chaînes d’approvisionnements gaziers dans un monde moins unipolaire ? Quelle sera la part du gaz naturel dans le futur mix énergétique mondial ? Quel rôle les prix peuvent-ils alors avoir dans cette nouvelle dynamique ?