Pour les 4 mois de travail collectif (septembre à décembre 2023) entre des praticiennes et chercheuses, nous nous étions fixées comme objectif de réfléchir ensemble aux manières de faire recherche avec des enfants. Nous nous sommes posées des questions sur les formats de recherche qui mettent la parole, les gestes, les corps des jeunes au centre de la réflexion au sein de processus de (trans-)formation, en abordant des aspects méthodologiques, éthiques et épistémologiques. Pour cela nous sommes parties d’expériences préexistantes au projet « Se mettre en recherche avec des enfants », impliquant des collectifs de chercheurs/acteurs déjà constitués. Nous avons réfléchi sur nos pratiques synergiques et singulières ancrées dans un territoire précis ; considérant l’ancrage dans un lieu comme primordial. S’ancrer suppose de faire corps avec le milieu mais cela ne signifie pas s’enfermer dans celui-ci. Ce sont donc des actions subjectives et collectives d’un lieu qui sont à la base de nos réflexions plus qu’un état de l’art de la littérature existante qui a cependant été consultée et nous a permis d’avancer. Les expériences mises en discussion ne prétendaient pas à la fusion mais à s’alimenter réciproquement en vue d’asseoir les bases de nouvelles recherches. En en faisant l’autocritique, nous avons cherché à faire avancer la réflexion par la pratique. Le droit à la libre expression pour les enfants est inscrit à l’article 13 de la Convention des Droits de l’enfant. Il précise que cette liberté consiste en « la liberté de chercher, de recevoir et de diffuser des informations et tout type d’idées, sans limitation, que ce soit oralement, par écrit ou imprimé, sous une forme artistique ou à travers n’importe quel autre moyen choisi par l’enfant ». Qu’en est-il de ce droit dans les recherches faites avec des enfants ? Très souvent, les chercheur-euse-s initient les jeunes aux méthodes habituellement convoquées par les disciplines dans lesquelles ils-elles ont été formé·e·s ou leur proposent une variété d’outils méthodologiques conçus ad hoc pour une recherche proposée par les chercheurs. Dans certains cas, les plus jeunes sont associé·e·s à l’analyse des résultats qui souvent se bornent à confirmer ou infirmer les idées des chercheur-euse-s; et, de manière encore moins fréquente, elles et ils sont impliqué·e·s dans la présentation des résultats. A notre connaissance aucune recherche n’a encore tenté de co-construire la question de recherche avec les enfants. C’est à ce défi que nous avons réfléchi.