The Involvement of The international Labor Organization in setting up a World Labor Order
« La participation de l’organisation internationale du travail à la construction d’un ordre mondial du travail »
Résumé
The International Labor Organization (ILO) was born in 1919 out of the Versailles Peace Treaty, which ended the First World War, and of which it formed Part XIII. It was founded on the ideal of social justice, which was intended to establish universal peace, the founding principle of the institution. One hundred years and several wars later - including a world war - the creation of the International Labor Organization has been the subject of a number of celebrations. Reflecting on the future of the ILO means considering the impact of the standards thus created on the international scene. The raison d'être and legitimacy of an institution depend, in part, on its ability to build a normative system that "makes sense" to those who apply it. This system is not "above ground". It can, of course, be nourished by ideals, but without crushing the cultures of peoples and individuals who constitute the soil from which rooting becomes possible. This presupposes a commitment to otherness. This is a prerequisite to any quest for effective standards.
Spurred on in the aftermath of the First World War by the idea that the social would succeed in overcoming the economic, the International Labor Organization's action has been underpinned, from its origins to the present day, by references to values that are intended to be universal. By focusing on the figure of the worker, then that of Man, the ILO has mobilized categories that constitute so many ways of thinking and representing the world. It remains essentially the work of Western countries. Can a world labor order then be based on these principles, which are intended to be universal, or should they be seen, in the words of Pierre Legendre, as nothing more than a "Western illusion of cloning concepts"?
L’Organisation internationale du travail (OIT) est née en 1919 du Traité de paix de Versailles, qui mettait fin à la Première Guerre mondiale, et dont il formait le Partie XIII. Elle repose sur un idéal de justice sociale qui devait permettre d’établir la paix universelle, principe fondateur de l’institution. Cent ans et quelques guerres après, dont une mondiale – la création de l’Organisation internationale du travail a fait l’objet de célébrations parmi lesquelles l’organisation de colloques internationaux. Réfléchir au futur de l’OIT implique de s’interroger sur l’impact des normes ainsi créées sur la scène internationale. La raison d’être et la légitimité d’une institution tiennent, en partie, à sa capacité à construire un système normatif qui « fait sens » pour ceux qui l’appliquent. Ce système n’est pas « hors sol ». Il peut, certes, se nourrir d’idéaux, mais sans écraser les cultures des peuples et des personnes qui constituent le terreau à partir duquel l’enracinement devient possible. Cela suppose au préalable de pactiser avec une altérité . C’est un préalable à toute recherche d’effectivité des normes.
Portée au lendemain de la Première Guerre mondiale par l’idée que le social parviendrait à vaincre l’économique, l’action de l’Organisation internationale du travail a été étayée, de ses origines à nos jours, par des références à des valeurs qui se veulent universelles. En visant la figure du travailleur puis celle de l’Homme, l’OIT a su mobiliser des catégories qui constituent autant de façon de penser et de se représenter le monde. Elle reste essentiellement l’œuvre des pays occidentaux. Un ordre mondial du travail peut-il alors se fonder sur ces principes qui se veulent universels ou ne faut-il y voir, pour reprendre les termes de Pierre Legendre, qu’une « illusion occidentale du clonage des concepts » ?