Suétone suggère, dans les Vies de Caligula et de Claude, que la crainte fut un sentiment permanent et diffus sous les règnes de ces deux personnages. Trouvant sa source chez l'empereur qui l'éprouve lui-même et la suscite chez autrui, la crainte a des intensités variables et se traduit, plutôt que par des paroles, par des gestes qui trahissent souvent la pusillanimité et l'incompétence de ceux qui la ressentent, au premier chef les empereurs. Car la peur est la marque d'un triple échec : personnel, familial et public. La crainte n'est pourtant pas toujours éloignée du rire, à la fois lorsque Caligula essaie de lier l'une à l'autre et lorsque la peur ressentie par Caligula, ce fanfaron, et Claude, ce vieux poltron, finit par faire naître un sourire moqueur chez le lecteur.