La consommation collaborative offre aux consommateurs des opportunités d’enrichissement via la location de leurs possessions privées. Si la littérature met en avant les motivations économiques qui guident cette forme d’échange, elle laisse dans l’ombre les opérations de calcul qui en découlent. On ignore en particulier la manière dont les propriétaires sélectionnent les biens qu’ils destinent à la location, en évaluent la rentabilité et gèrent leur usage partagé. Empruntant aux cadres de la sociologie économique, nous théorisons ce que calculer veut dire. Sur la base d'une enquête qualitative conduite auprès de 39 propriétaires qui monétisent divers types d’objets et d’espaces privés, nous montrons que le calcul est un quadruple processus de qualification, computation, adaptation et préservation des biens dans la durée. Nous soulignons le caractère très imparfait du calcul, mais aussi le fait que le propriétaire n’en est pas toujours à l’origine. Nous discutons de la manière dont le statut de ces actifs monétisés responsabilise les consommateurs vis-à-vis leurs possessions, en transformant ces dernières en ressources.