Le « massacre » de la pentecôte 1778 à Toulouse
Résumé
Capitale d’une province réputée pour sa -prétendue- dissidence pluriséculaire, Toulouse n’a connu que peu de révoltes populaires avant la Révolution de 1789. Parmi ces dernières, il en est une qui se démarque à bien des égards. Il s’agit de celle survenue les 8-10 juin 1778 dans laquelle des contemporains ont pu voir : le « massacre de la Pentecôte 1778 ». A première vue, l’on n’aurait affaire qu’à une banale révolte frumentaire qui aurait mal tourné avec une répression violente. La tentation est alors forte de l’éclairer à la seule lumière de la situation exceptionnellement délétère de la ville et de sa région depuis le début de la décennie causée par une accumulation sans précédent de difficultés diverses et variées. Mais, à y regarder de plus près et pour autant que la documentation le permette, on découvre un événement complexe et singulier. De fait, il se distingue sur bien des points du schéma classique des révoltes populaires de type ancien (causes, durée, participants, déroulement, conséquences). Ce faisant, l’on peut y voir un révélateur de certaines difficultés de la municipalité (capitoulat) dont l’autorité fut remise en cause à cette occasion par une population de plus en plus ouvertement hostile aux représentants de l’ordre public. Cette révolte mit littéralement sur la place publique la crise du système policier toulousain hérité de l’époque médiévale (rejet de la garde bourgeoise, remise en cause de la compagnie du guet) … sur fond d’exacerbation des tensions entre les institutions locales (capitoulat, parlement, sénéchaussée) et provinciales (intendance, commandement militaire, maréchaussée).
A travers cette appréhension multiscalaire, le « massacre de la Pentecôte 1788 » apparaît comme une charnière dans l’histoire politique, institutionnelle et policière de Toulouse.