Dans un objectif de conservation des espèces de tortues marines dont le statut est jugé en danger voir en danger critique d’extinction (IUCN Red List), l’évaluation des stocks d’individus jeunes pouvant alimenter dans le futur les populations adultes semble primordiale. Le programme JUVMAY piloté par Oulanga na Nyamba (en préparation), met en évidence l’intérêt d’estimer l’abondance des populations de tortues marines à Mayotte (action 1), notamment juvéniles, et d’en déterminer la distribution le long de côtes mahoraises. Les suivis aériens sont le meilleur moyen pour estimer les abondances des tortues marines qui passent une partie de leur temps en surface sur les sites d’alimentation, notamment du fait que cette méthode présente l’avantage de ne requérir qu’un seul observateur embarqué et de couvrir de grands espaces en peu de temps. Il n’en demeure pas loin que la méthode de suivi comprend des biais, d’observateur, de visibilité (hauteur d’eau sur platier, réflexion des rayons lumineux, turbidité de l’eau), de disponibilité des sujets au passage de l’appareil (migrations lagon/platier entre le jour et la nuit) et de perception, dont l’effet réside dans une sous-estimation des abondances de populations étudiées. L’utilisation d’une méthode de suivi aérien en ULM semble adaptée au questionnement scientifique posé (Roos et al., 2005, Jean et al., 2010), mais les conditions de mise en oeuvre sont propres à celles du site étudié (longueur de linéaire côtier, profondeur des sites, hauteur d’eau, coefficients de marée, météo). Oulanga na Nyamba propose de tester et adapter un protocole de suivi aérien en ULM afin d’estimer les abondances des populations et de leur distribution sur leurs habitats d’alimentation. Il se base sur le protocole mise en oeuvre à La Réunion depuis 1998 (Jean et al., 2010). L’utilisation d’une telle méthode, nécessite une calibration du protocole de recensement afin de déterminer : - La faisabilité du suivi à l’échelle de l’île ; - la durée de vol nécessaire ; - la hauteur de vol, - la hauteur d’eau optimale sur les sites ; - les heures de passage en fonction du taux d’ensoleillement, de la fréquentation humaines, - les taux de couverture nuageuse maximales - les points remarquables terrestres pour délimiter les zones (amers) - les contraintes de vols linéaires (suivi du littoral dans les baies) - la détermination des classes de taille (Grand / moyen / petit) - les conditions de visibilité optimales : orientation des vagues et du vent par rapport à la côte. L’association Oulanga na Nyamba met en oeuvre l’élaboration de ce protocole sur deux périodes représentative des conditions de vents, facteur qui a priori reste déterminant pour l’accessibilité visuelle au milieu : - Phase1 de mars à juin 2023 : Saison sèche avec apparition des vents d’Alysées de secteur sud/sud-ouest ; - Phase 2 de septembre à novembre 2023 : fin de saison sèche avec diminution des vents d’Alysée, début de saison humide. L’action est rendue possible grâce au soutien financier de la Fondation Nature et Découverte. Ce rapport concerne la première phase de mission, de mars à juin 2023.