Les scaphandriers travaux publics interviennent sur des structures immergées (barrages, ports, stations d’épuration, puits, piles de pont, écluses, cuves alimentaires), harnachés d’un équipement d’environ 35 kilogrammes, reliés à la surface par un narguilé, un long tuyau qui fournit l’air pour respirer dans l’eau et permet de communiquer avec deux collègues restés en surface. « Sens dessus dessous » pour rappeler les différentes sensorialités à l’œuvre dans le travail des scaphandriers : immergés, ils doivent apprendre à éprouver, et à s’éprouver dans, des milieux que la profession définit comme hostiles ; en surface, ils sont sollicités sur des tâches réalisées dans des matières variées, avec des engagements sensoriels distincts. Dans la continuité d’un dialogue pluridisciplinaire initié en 2015 (ethnologie et neurosciences), nous interrogerons les apprentissages sensoriels participant à la fabrication d’un « corps de métier », à la fois singulier et partagé, entre disponibilité sensorielle et disposition sensible à l’environnement. Plus largement, nous questionnerons l’articulation entre organisme et environnement et création de mondes perceptifs propres.