Percy Bysshe Shelley (1792-1822), poète romantique anglais, croyait en le pouvoir de l’humain de se sublimer, d’une part par l’exercice de la volonté toute puissante et, d’autre part, par le rejet de la violence, la haine et l’égoïsme en faveur de l’amour universel. Son végétarisme, qu’il expose très tôt dans un essai publié en 1813 dans le politique Queen Mab, A Philosophical Poem, s’impose donc à son programme philosophique, politique et social. Deux siècles après sa mort, des villages-abattoirs tournent à plein régime, la chasse à courre existe toujours, la corrida n’est pas interdite, notamment en France, et les chasseurs en 4x4 s’imaginent à la guerre, quand celle, véritable, en Ukraine fait rage. Le message du poète est donc plus que jamais d’actualité et il est nécessaire de présenter à nouveaux ses arguments , mais aussi de voir ce qu’il en fait d’un point de vue poétique dans des poèmes comme Prometheus Unbound (1820). Il s’agira donc dans un premier temps de contextualiser le végétarisme et le refus de violence envers l’animal dans la philosophie non violente du poète, en déterminant notamment quels arguments développés dans A Vindication of Natural Diet (1812) s’inscrivent le plus harmonieusement dans la conception shelleyenne du monde. Il s’agira ensuite de voir quel est l’apport poétique et esthétique d’une telle philosophie dans ses poèmes, où végétarisme et respect de la vie animale permettent un véritable « retour à la nature », pour reprendre le titre d’un ouvrage de John Frank Newton qui l’influença beaucoup.