Le Guatemala a traversé un conflit armé interne particulièrement sanglant de 1960 à 1996. Le début des années 1980 est marqué par une stratégie contre-insurrectionnelle totale aux accents génocidaires, notamment dans la région maya ixil (El Quiché). Face au déchaînement de violences qui traversent la région, nombre d’habitants optent pour l’exil et traversent la frontière mexicaine pour rejoindre des camps de réfugiés. D’autres quittent leurs communautés et s’installent dans les montagnes, à l’abri des denses forêts des contreforts des Cuchumatanes. Ces déplacements de populations font écho aux actuelles migrations transnationales vers le nord du continent, ultime recours pour de nombreux jeunes hommes et femmes confrontés au manque d’opportunités économiques dans la région. Cette précarité est à l’origine même du conflit et a créé, et continue de créer, des migrations saisonnières vers les grandes plantations (fincas) de la côte pacifique. Ainsi, la région ixil est le théâtre d’un entremêlement de migrations, diverses dans le temps et l’espace, qui répondent à un impératif de survie, qu’il s’agisse de survie face à la violence ou de survie économique. Prenant comme point de départ le récit d’une ancienne travailleuse des fincas, cette communication propose de dresser un état des lieux de la situation migratoire dans la zone. Cet état des lieux sera complété par une analyse de ce témoignage pour comprendre dans quels termes s’exprime la migration. Plus précisément, nous nous attacherons à étudier les éléments du parcours de migration mis en avant par cette femme, notamment les caractéristiques qu’elle met en avant comme étant des formes de violence. Cela sera ensuite comparé aux travaux menés par une association locale de protection des femmes sur la migration transnationale des femmes et sur les dangers auxquels elles s’exposent lorsqu’elles entreprennent de quitter le pays pour travailler au Mexique ou aux États-Unis.