L'économie résidentielle : moteur ou frein à la résilience des territoires ruraux ? Le cas de la Dombes (Ain) après la crise covid de 2020
Résumé
La crise de 2008 donne lieu à un renouvellement des publications sur la résilience des territoires. Jusqu’ici, le concept de résilience était principalement utilisé en géographie pour étudier des systèmes (travaux de Crawley Stanford Holling, 1973), puis en géographie des risques (travaux de la Resilience Alliance, 1999) avant d’être ensuite étendu aux autres risques pouvant affecter les territoires, notamment les risques économiques. Les travaux portent alors majoritairement sur les villes en déprise. En 2015, la revue The Cambridge Journal of Regions, Economy and Society publie un numéro consacré aux «Resilient Region». Les auteurs observent des différences entre métropoles, territoires périurbains et ruraux (Brakman et al., 2015), et entre régions européennes selon l’activité économique dominante (Crescenzi et al., 2015). En 2021, M. Talandier et Y. Calixte font une analyse de la résilience des territoires français. Si ces travaux s’intéressent aux territoires, les études portant sur la résilience rurale restent minoritaires. Nous souhaitons donc faire un point sur la notion de résilience rurale, après 2008 et après la crise de 2020. Ici, la résilience rurale se définira comme la réaction des territoires ruraux face à un choc et leur capacité à se remettre ou à s’adapter à celui-ci.
Les territoires ruraux ont connu un tassement des évolutions de la renaissance rurale entre 2008 et 2013. Ce tassement peut être dû aux effets de la crise de 2008 et à une atténuation du phénomène. On observe aussi une régionalisation de la résilience après 2008 avec des régions productives et industrielles plus impactées (Talandier et al., 2021). Cette régionalisation pourrait être moins marquée et les territoires touristiques plus impactés avec la crise Covid. Une étude de l’INSEE sur les intercommunalités de Corse (mai 2021) montre déjà l’impact plus important sur les territoires touristiques : « Les communes […] à forte orientation touristique […] sont les plus touchées par le choc d’activité de 2020, mesuré par la chute des heures rémunérées par les entreprises. » A l’inverse, l’économie résidentielle au sens d’« offre territoriale non productive, publique ou sociale (revenus des navetteurs, des retraités et des touristes) mesurés en montants monétaires » (Davezies, 2009) pourrait encore jouer un rôle d’amortisseur de la crise dans certains territoires. Là encore, l’INSEE observe que les territoires les moins impactés par le choc de 2020 sont ceux où la part des revenus des retraités ou des fonctionnaires sont les plus importants (INSEE, mai 2021).
L’objectif de cette communication est donc de questionner la résilience de l’économie résidentielle dans le contexte actuel, notamment pour les territoires ruraux et périurbains en s'appuyant sur l'étude de la Communauté de communes de la Dombes (Ain).