Depuis le début des années 90, l'Union européenne ne cesse de renforcer son poids sur la scène internationale. Cette montée en puissance des compétences internationales de l'Union coïncide avec la multiplication des États dits « défaillants » ou « États voyous » en différentes régions du monde (Syrie, Libye…). Dans un contexte global marqué par la croissance des groupes criminels ou terroristes pouvant conduire à l’éclatement des Etats, ce phénomène de crise est aujourd'hui considéré comme une menace majeure pour la sécurité européenne. Pour faire face à ces risques, l'Union va se doter d'un ensemble d'outils civils et militaires de gestion des crises, renforcés au fur et à mesure des traités.

En effet, la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne consacrée par le traité sur l’Union européenne en 1993 dans le but, notamment, de préserver la paix et de renforcer la sécurité internationale, a été confortée par le traité de Lisbonne de 2009 qui va créer toute une série de nouveaux acteurs de la PESC, notamment la fonction de Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Si grâce à ces différents instruments, l'Union a pu assumer avec succès de nombreuses missions en différents points du globe, quelques incertitudes subsistent néanmoins, tant sur l'adéquation des moyens dont dispose l'Union pour faire face aux désordres mondiaux, que sur la fragilité inhérente à toute entreprise de reconstruction de l'autorité étatique dans des territoires secoués par des conflits. Et certaines crises, au sein même de l’UE telles que le « sofagate », mêlant soupçons de machisme, enjeux diplomatiques et imbroglio protocolaire qui s’est déroulé en avril 2021 lors de la visite officielle d'Ursula von der Leyen (Présidente de la Commission) et de Charles Michel (Président du Conseil européen) à Ankara, montre également une forme d’impuissance persistante face aux dérives autocratiques de certains États, comme la Turquie.