Ultime campagne de fouille programmée située dans la partie haute du quartier portuaire (hors zone 4 concentrée sur les aménagements de berges antiques), cette opération de sondages échelonnés de fin 2012 à 2014, a précédé, orienté et accompagné la réalisation du parc archéologique intégré au centre d’interprétation archéologique « Le Chronographe », ouvert au public depuis janvier 2017. Ces investigations ont fourni de nombreuses informations inédites et des compléments d’intérêt concernant la longue histoire du site de Saint-Lupien, depuis le Ier siècle et jusqu’au Moyen Âge. Ces travaux serviront à la compréhension globale du quartier Saint-Lupien qui fera prochainement l’objet d’une synthèse monographique sous la direction de Martial Monteil. Sur le plan spatial, l’emplacement des secteurs d’exploration de la zone 20 présente l’avantage de faire le lien entre, à l’Est, la partie du quartier explorée lors des campagnes de fouilles des années 1980 puis des années 2005 à 2012 (zones 1 à 19) et, à l’Ouest, les vestiges connus dans le prolongement de la rue Saint-Lupien. Les plus proches bâtiments identifiés sont désormais à seulement 6 m à l’Est, sur la parcelle AH 72 (Plouhinec 1965-1969), alors que ceux de la parcelle AH77, qui ont fait l’objet d’une étude scientifique poussée (Hervé 2007), sont quant à eux à 35 m. Par conséquent, il est possible de se faire une idée générale d’un îlot, long de 88 m, implanté au sud de la rue principale du quartier et des principales étapes de son développement. L’étude exhaustive de bout en bout d’un tronçon de bâtiment (Z20-1) caractéristique des maisons d’artisans et/ou commerçants vient offrir un éclairage complémentaire au réexamen de ceux de l’îlot voisin à l’Est (Lanoë 2012) avec un niveau chronologique ici plus détaillé. En effet, tout l’enjeu a consisté à connecter l’unité d’habitation étudiée, ainsi que ses voisines à l’Est visibles en façades, avec la rue principale qui les dessert, en établissant les liens stratigraphiques grâce aux aménagements de bordures (trottoirs et bas-côtés). De fait, nous avons pu établir un phasage chronologique commun à toute la zone 20, mettant en correspondance des vestiges espacés de 58 m. Effectivement, 6 périodes et 28 phases ont été mises en évidence, du début du Ier siècle au Moyen Âge, dont 22 antérieures au IVe siècle, soulignant à la fois le dynamisme et la stabilité de l’occupation dans ce type de quartiers à vocation économique de la Gaule romaine. Ainsi, la voirie a fait l’objet d’une étude exhaustive inédite à l’échelle du site par le bais de nombreux sondages et aires d’exploration, dont l’intérêt dépasse les seules questions structurelles, dans la mesure où nous avons fait l’intéressant constat que cette « colonne vertébrale » du quartier portuaire avait à la fois enregistré des décisions politiques ayant ordonné l’urbanisme de Ratiatum le dynamisme constructif du quartier, les vicissitudes, parfois dramatiques de son histoire, jusqu’à sa désertion, puis son réinvestissement tardo-antique et médiéval. Concernant cette période, l’apport principal réside sur le nombre de tombes étudiées (36), qui en fait le plus grand échantillon à l’échelle du quartier, et leur répartition spatiale qui enrichiront la synthèse des espaces funéraires. Enfin, les cinq fenêtres d’explorations complémentaires enregistrées dans la zone 21, constituent une documentation spatiale et structurelle intéressante à intégrer dans l’étude générale du quartier couvrant toute sa chronologie, avec, notamment, la mise en évidence d’un mode d’architecture en bois rarement identifié dans l’agglomération antique (zone 21-4), des vestiges d’architectures en pierres (Z21-1, Z21-2), d’activités économiques (Z21-3) ou des indices évoquant la période altomédiévale à Saint-Lupien (Z21-5).