Regards sur la patrimonialité. La mise en tourisme d’un site d'art rupestre dans la région de Kimberley (Afrique du Sud) : genèse, enjeux et limites d'une approche communautaire des modalités de gestion et réflexions autour des enjeux socio-politiques de l’archéologie.
Résumé
Sur la base de trois mois de terrain, ce mémoire de recherche s’articule autour d’un constat - le site
d’art rupestre de Wildebeest Kuil (Northern Cape, Afrique du Sud) est très peu visité - et d’une
question : quels enjeux contemporains gravitent autour du site ? La construction d’un centre
d’interprétation aux abords de Wildebeest Kuil en 2001 fut engagée dans l’optique d’apporter un
soutien économique et culturel à deux communautés San (!Xun et Khwe) déplacées et installées en
même temps à proximité du site. Soutenu par les nouvelles considérations sud-africaines de 1999 en
matière de gestion du patrimoine et avec l’objectif d’intégrer les communautés !Xun et Khwe dans les
modalités de gestion du site, le Wildebeest Kuil Rock Art Centre est un exemple de mise en tourisme
du patrimoine archéologique qui fut basé sur des communautés locales. Toutefois, la faible
fréquentation touristique n’a pas permis l'établissement d’une durabilité. L’auteur analyse longuement
les multiples causes de cette marginalité malgré une bonne fréquentation touristique et un intérêt pour
le patrimoine culturel dans la destination où il se situe (Kimberley). Tout au long du mémoire,
l’approche communautaire est questionnée soit frontalement, en analysant en profondeur l’échec de
ce mode de gestion à Wildebeest Kuil, soit en filigrane, en proposant de déplacer le regard autour
des enjeux contemporains des communautés sur le site et des perspectives culturelles et politiques
tirant parti de la mise en tourisme du site. Aussi, ce mémoire propose d’observer les complexités qui
entourent une mise en tourisme en proposant une conceptualisation progressive et une mise en
généralité de l’exemple de Wildebeest Kuil dans la gestion des sites archéologiques d’Afrique du Sud.
Sur la base d’une étude principalement qualitative des attentes variées sur le site, ce travail propose
in fine de constater les enjeux fondamentalement sociaux de l’archéologie en Afrique du Sud en
utilisant et adaptant une méthodologie héritée des critical heritage studies .