À l’arrivée des troupes ottomanes en Égypte en 1516, Alexandrie était une ville frontalière rigoureusement fortifiée. Mais l’incorporation du pays dans l’Empire ottoman encouragea un développement urbain qui allait transformer profondément la cité côtière. Se sentant moins menacés par des attaques venant de la mer, les Alexandrins purent renoncer à la protection de la double enceinte médiévale, et se mirent à construire un nouveau faubourg hors-les-murs, plus près des activités des deux ports. Les pachas ottomans installèrent leurs garnisons dans les forts existants et y effectuèrent les restaurations nécessaires afin d’adapter les anciens édifices militaires aux nouvelles exigences balistiques. En outre, ils complétèrent le système défensif des ports par de nouvelles constructions, tout en laissant la muraille médiévale de plus en plus à l’abandon. Au Caire de nos jours, la suprématie des occupants ottomans demeure bien visible dans les énormes tours d’artillerie debout dans la citadelle, tandis que peu de vestiges militaires sont préservés dans la ville d’Alexandrie contemporaine. Toutefois, l’étude des structures bâties subsistantes, des données archéologiques ainsi que du matériel provenant des fouilles urbaines témoignent de cette ère. De plus, la lecture des cartes historiques et des relevés architecturaux anciens des divers forts fait revivre cette architecture militaire presque perdue. Enfin, la comparaison des fortifications ottomanes d’Alexandrie avec leurs parallèles dans la capitale et la province égyptienne permet de placer ce patrimoine bâti dans un contexte historique, géographique et architectural.