Dans le cadre de ma thèse de doctorat en anthropologie, je réalisais une enquête de terrain dans la région, de juin 2017 à mai 2018. J’y interroge la façon dont les mémoires plurielles du génocide structurent encore les relations sociales dans la région. Traditionnellement, les conflits et accusations directs sont évités chez les Mayas dont la justice coutumière est une justice de conciliation. Dans ce contexte, les divisions héritées du conflit armé n’étaient que latentes et ne se laissaient que difficilement approcher. Pourtant, un cap a été franchi lorsqu’une des audiences du procès a été déménagée à Nebaj en février 2018. Reprenant une partie des analyses de ma thèse, cet article analyse la restructuration de la société ixil post-génocide autour des diverses mémoires du passé génocidaire. Je présenterai d’abord une description ethnographique de la journée d’audience. Puis, celle-ci fonctionnant comme un catalyseur des tensions encore présentes dans la région, je présenterai la pluralité des mémoires telles qu’elles s’articulent autour du procès. Enfin, j’interrogerai la façon dont religion et mémoire s’entremêlent dans la société ixil contemporaine.