Le concours Eurovision de la chanson est une organisation perméable aux mouvements géopolitiques et socioculturels en même temps qu’elle se constitue d’un appareil info-communicationnel, de récits et de scènes interactionnelles. Les questions géopolitiques, symboliques, socio-culturelles du concours de l’Eurovision ont largement été traitées dans la littérature des industries et de la sociologie des médias. Notre approche les complète en questionnant la frontière comme facteur d’identité et de perméabilité pour un évènement nomade comme le concours de l’Eurovision. L’hypothèse que nous éprouvons est que l’Eurovision croise les caractéristiques du méga-évènement (Patrice Ballester), de l’hyperlieu (Michel Lussault) et du culte médiatique (Philippe Le Guern). Le matériau d’enquête empirique se concentre sur la session 2023 du concours : analyse des dispositifs scénique et éditorial, anticipations et prolongements médiatiques de l’évènement, communiqués de presse de l’Union européenne de radiotélédiffusion. Il en résulte des modalités par lesquelles le format médiatique et la logistique du concours intègrent les contraintes extérieures, exhibent la technique comme moyen de traverser les frontières et construisent une communauté performative et phatique autour d'un "nous" polysémique.