Des caisses de solidarité aux plateformes de mobilisation. Un siècle de vie associative en France au sein des collectifs de migrants venus du Mali (ancien Soudan français) - Archive ouverte HAL
Rapport Année : 2023

From solidarity funds to mobilization platforms. A century of associative life in France within collectives of migrants from Mali (former French Sudan)

Des caisses de solidarité aux plateformes de mobilisation. Un siècle de vie associative en France au sein des collectifs de migrants venus du Mali (ancien Soudan français)

Résumé

Présents en France depuis la Première Guerre mondiale et la mobilisation des tirailleurs « sénégalais » ou soldats de l’armée coloniale, les Maliens constituent la première communauté subsaharienne, devant les Ivoiriens et les Sénégalais – 79 100 personnes en 2018 contre 74 400 et 72 7001. On connaît leur contribution au développement local des régions d’origine, en particulier Kayes, d’où provient la très grande majorité des migrants. Au cours des années 1980 et dans un contexte de fermeture des frontières, ils commencent à financer des infrastructures socioéconomiques via des associations de développement villageois : maternités, dispensaires, écoles…. À partir de 2002, ils sont appuyés en cela par le codéveloppement impulsé par la France, qui cherche à endiguer les flux migratoires à la source. Le codéveloppement est censé profiter au pays d’accueil et de départ des migrants. Ses dispositifs de financement visent à rationaliser les transferts d’argent entre Europe et Afrique et à soutenir l’entreprenariat dans le pays d’origine par des investissements dits productifs, censés retenir les gens sur place : petit commerce, irrigation, artisanat. A leur initiative donc, les migrants ont construit en partie leur région d’origine, négligée par le pouvoir central de Bamako. Depuis les années 2010, le mouvement associatif malien connait des changements notables dont la naissance de collectifs militants et de plateformes, visibles dans l’espace public mais mal connus. L’association est comprise dans son acception large, c’est-à-dire un regroupement officiel ou officieux d’individus autour de buts communs. L’objectif de cet article est de réévaluer les transformations du mouvement associatif malien sur la durée, de la Grande Guerre à nos jours. Les associations de développement villageois puisent leurs racines dans l’activité associative au sein des migrants de l’Afrique occidentale française (AOF) qui a commencé en métropole dès l’arrivée des premiers migrants et la création entre autres de ton, du nom des associations traditionnelles dans les sociétés d’origine manding. Reprenant les apports de la littérature scientifique sur les migrations post-coloniales, je m’intéresse ensuite à leur évolution contrastée entre les indépendances et les années 1980, période durant laquelle les migrants créent librement des associations avant de devoir se faire approuver par le ministère de l’Intérieur puis d’en être à nouveau dispensés, tandis que l’État malien cherche à les contrôler. J’évoque enfin les derniers développements du mouvement associatif, avec une forme de coordination des luttes des migrants en France et au Mali et un renouvellement des thèmes et modes de mobilisation. Il s’agit de montrer les phénomènes de continuité et de changements dans l’activité associative et autour de deux idées : la migration s’accompagne d’un regroupement associatif, formel ou informel ; l’association, initialement pensée pour aider la famille restée dans le pays d’origine, constitue aussi un lieu de mobilisation pour soi et le collectif. Levier de soutien, de mobilisation et d’insertion, elle représente un puissant moyen d’expression.
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Citer

Daouda Gary-Tounkara. Des caisses de solidarité aux plateformes de mobilisation. Un siècle de vie associative en France au sein des collectifs de migrants venus du Mali (ancien Soudan français). Etudes de la Chaire Diasporas Africaines n°1/2023, Les Afriques dans le Monde; Sciences Po Bordeaux; Université Bordeaux Montaigne. 2023, pp.1-26. ⟨hal-04413695⟩
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