Marseille’s own Republic: a 21st‑century Political Appropriation of the Medieval Commune that Questions the Construction of the Historical Object
République ou commune de Marseille ? Des usages politiques médiévalistes révélateurs de la construction de l’objet historique
Résumé
This paper aims to assess how history, as a science, has participated in producing and disseminating a set of representations stemming from medievalism which lies at the heart of the leftist vision of Marseille’s identity. Indeed, Alèssi Dell’Umbria’s book Une histoire universelle de Marseille describes the communal period as the origin and matrix of Marseille’s independent and rebellious spirit, as he seeks to write the history of contemporary systems of oppression from a very local point of view. In fact, the way in which scholars constructed the object ‘commune of Marseille’ as medieval history became a science made room for such a reinterpretation: it was (and still is) limited to the period when the commune was fully independent and thus closely linked to the idea of freedom. Since then, there has been no critical examination of the ideological and political underpinnings of such a scientific construct and its consequences for the academic history of medieval Marseille. Therefore, this paper will outline the social conditions of this object and the academic and political positions of the scholars who constructed it, in order to shed some light on the affinities that led to the political appropriation of medieval Marseille by the Left.
Cet article voudrait questionner la part de la science historique, qui a construit l’objet « commune de Marseille » d’une manière particulière, dans la production et la diffusion d’un imaginaire médiévalisant aujourd’hui au cœur de l’identité politique de la gauche marseillaise. Elle est notamment illustrée par Une histoire universelle de Marseille, cet ouvrage de vulgarisation et de réflexion historiques d’Alèssi dell’Umbria qui, dans une tradition marxiste, propose la généalogie des systèmes de domination qui ont accablé la cité phocéenne, et des formes de résistance qui s’y sont manifestées à partir précisément de l’expérience communale. Fruit d’un héritage historiographique déjà orienté politiquement dès le xviie siècle, l’appellation de commune fut (et reste encore) cantonnée à la période d’indépendance du régime politique auquel elle est associée (1212‑1262) et n’a guère fait depuis l’objet d’une réflexion critique sur ses soubassements idéologiques et ses implications scientifiques. Cet article est l’occasion d’enquêter sur la genèse de l’objet « commune de Marseille », sa tradition dans la science historique et la position dans les champs scientifique et politique des historiens qui l’ont étudié, et ce pour tenter de comprendre la coloration particulière donnée aujourd’hui au passé médiéval de Marseille par des acteurs politiques de gauche.