Deux orgues ont été construits à Notre-Dame de Paris au 14ème et au 15ème siècle. Pour faire résonner de nouveau ces orgues gothiques, nous proposons au sein du projet PHEND l’enregistrement multicanal (pseudo-anéchoïques) du répertoire musical reconstruit de Notre-Dame, joué sur des fac-simile d’orgues médiévaux, virtuellement à leur emplacement d’origine (par simulation numérique du modèle acoustique de la cathédrale parée du mobilier médiéval). Cette communication présente les prolégomènes à cette reconstitution sonore, en faisant le point sur les deux instruments gothiques de Notre-Dame et sur leurs usages musicaux. La documentation, connue depuis longtemps, est relativement abondante à Notre-Dame (registres capitulaires, devis au minutier central). Elle est reconsidérée et complétée ici par les avancées récentes en organologie, musicologie, liturgie et pratiques d’interprétation de la musique médiévale. Du point de vue organologique, pour le premier orgue, nous reconsidérons l’emplacement, le système de soufflerie, la possible composition ; Pour le second orgue, nous reconsidérons les proportions du buffet et la composition. Du point de vue musicologique, le corpus des tablatures et fundamenta des 14ème et 15ème siècle est analysé à la lumière des usages et du répertoire liturgique spécifique identifiés à Notre -Dame. Outre son aspect visuel monumental, l’usage effectif de l’orgue, manœuvré par l’organiste et 6 à 8 souffleurs, est réservé un nombre assez restreint d’occasions avec divers modes d’intervention (en solo comme fonction d’appel ou de conclusion, pendant une action liturgique, une procession, en alternatim ou en accompagnement du chœur ou de la foule). Un répertoire plausible (écrit et improvisé) pour les deux instruments est proposé, en fonction de ces diverses circonstances. Pour conclure ces prolégomènes, la pratique d’interprétation est questionnée : formules ornementales, doigtés, rôles différenciés des mains, rôle du pédalier, techniques d’improvisation, tempi, accompagnement du plain chant et usage du manicordion.