Le 25 janvier 2023, Pierre Villard est décédé brutalement chez lui, à Riom. Pierre a fait ses études à l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud à compter de 1978. Agrégé d'histoire en 1981, étudiant brillant, il est remarqué par Dominique Charpin et rejoint l'équipe de déchiffrement des archives royales de Mari oeuvrant sous la direction de J.-M. Durand, installée tout d'abord dans les locaux de l'Hôtel de Chalon-Luxembourg au 26 de la rue Geoffroy l'Asnier, dans le 4 e arrondissement de Paris, puis au 9 rue de la Perle, dans le 3 e arrondissement. Il contribue en 1984 au volume XXIII des Archives Royales de Mari en publiant et analysant des archives administratives traitant de différents produits, métaux, bétail et céréales, mais aussi en reconstituant avec beaucoup de finesse le voyage de la cour de Mari vers l'Ouest et les échanges diplomatiques. Une telle perspective était novatrice pour l'époque ; le voyage du roi de Mari à Ougarit est par la suite développé dans un article majeur (1986). De retour de Lattaquié en Syrie, où il avait passé deux ans comme coopérant, il a soutenu sa thèse de doctorat en juin 1986 sous la direction de Paul Garelli, à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Le mémoire, intitulé L'esprit de cour et le style des courtisans dans l'Assyrie des Sargonides, examinait les relations entre les rois assyriens et leurs courtisans, en particulier les magiciens et les astrologues, du règne de Sargon II (721-705) à celui d'Assurbanipal (668-627). Reconstituant les carrières de certains d'entre eux, Pierre a montré comment ces érudits et lettrés, formant de véritables dynasties, ont vu leur influence grandir à la cour jusqu'à devenir totalement indispensables pour le roi. Leur correspondance illustre les relations parfois intimes qu'ils avaient avec le souverain et met en lumière une rhétorique de cour. Les éléments rassemblés lors de ce travail ont alimenté la réflexion de son auteur tout au long de sa carrière. Pierre fut élu Maître de Conférences à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en février 1988-alors que Dominique Charpin y était élu Professeur-, et il y a enseigné pendant douze ans l'histoire ancienne classique, celle du Proche-Orient, la langue akkadienne et l'écriture cunéiforme. À partir du début de l'année 1990 il assure, avec Francis Joannès, le secrétariat de rédaction de la revue Nouvelles Assyriologiques Brèves et Utilitaires (NABU), puis en intègre le comité de rédaction en 1998. Entre-temps, l'équipe Histoire et archéologie du Proche-Orient Cunéiforme (HAROC) a emménagé à la Maison de l'Archéologie et de l'Ethnologie à Nanterre à l'automne 1997, et dès l'arrivée dans les nouveaux locaux, Pierre contribue à l'organisation du colloque Enfance et éducation dans le Proche-Orient ancien, publié en 1999 dans la revue Ktèma. Tout en continuant à travailler sur la documentation de Mari et en produisant une étude majeure sur les administrateurs de l'époque de Yasmah-Addu (2002), il participe à différents projets collectifs au sein desquels il assure la partie néo-assyrienne, comme dans les deux ouvrages coordonnés par F. Joannès, Rendre la justice en Mésopotamie (2000) où il publie plus d'une vingtaine de procès et documents judiciaires, et le Dictionnaire de la Civilisation Mésopotamienne (2001) pour lequel il rédige 54 notices. Alors que l'équipe HAROC devient l'une des constituantes de l'Unité Mixte de Recherche Archéologies et Sciences de l'Antiquité (UMR 7041) en janvier 2000, Pierre soutient son Habilitation à Diriger les Recherches à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne avec un mémoire intitulé De Mari à Ninive, dont D. Charpin est garant.