L’aequitas dans la rhétorique cicéronienne : émergence, stabilisation et expansion d’une catégorie argumentative
Résumé
Cet article analyse la manière dont l’aequitas intervient dans la théorisation cicéronienne de l’argumentation « de qualitate » et, surtout, la manière dont évolue sa formalisation. Conçue par le De inuentione de manière éclatée et composée d'éléments relevant à la fois du ius naturae et de la théorie de l'honestum, l’aequitas a été formalisée de manière ferme dans les années 40 av. J.-C. et rattachée à la fois au ius naturae dont elle émane et au droit positif qui la traduit : dans le cadre de l'argumentation « de qualitate », elle se conçoit alors comme un principe et une exigence de correction, de juste répartition et de préservation à la fois des intérêts, des biens et des droits des particuliers, mais aussi comme un levier d’interprétation. Ainsi formalisée, l'équité en vient à occuper une place croissante dans l'argumentation « de qualitate », d'abord comme outil principal puis comme instrument global permettant d'apprécier la nature intrinsèque d'un fait et sa légitimité en relation aux circonstances.