Dans le numéro 142 de la revue Éducation permanente paru en 2000, un texte propose la transcription des échanges ayant lieu à l’occasion d’une table ronde intitulée « Que faire des histoires de vie ? Retour sur quinze ans de pratiques », qui réunit Pierre Dominicé, Vincent de Gaulejac, Guy Jobert et Gaston Pineau. C’est à cette occasion que Gaston Pineau propose pour définir les histoires de vie la définition suivante : « Pour moi, la meilleure définition de l’histoire de vie est “la recherche et la construction de sens à partir de faits temporels vécus”, intégrant dans l’idée de sens à la fois le sensible, la direction et le significatif » (Dominicé et al., 2000, p. 237). L’objet de ce texte est d’expliciter cette définition, en pensant les liens entre les procédés narratifs mobilisés par des adultes dans le cadre des sessions d’histoire de vie en formation et les dimensions formatrices de cette recherche sur les faits vécus qui est conduite en première personne. La réflexion présentée dans ce texte comporte plusieurs étapes : la première section est dédiée à la formalisation du courant des histoires de vie en formation, l’enjeu étant de spécifier la singularité du dispositif, et de préciser la place que prend la recherche sur les « faits vécus » dans ce contexte de formation des adultes. L’objet de la deuxième section du texte est de caractériser la notion de faits, puis celle de faits temporels, puis celle de faits temporels vécus. La troisième section sera le lieu d’un travail visant à spécifier, à partir des notions de régimes narratifs et de cinétique du récit, les effets générés sur les processus de compréhension et de formation du sujet. La quatrième et dernière section agrège et synthétise les théories du récit convoquées pour les interroger selon une perspective phénoménologique et herméneutique.