Régulation émotionnelle et culpabilité chez des joueurs de hasard et d’argent : Propositions d’interventions psychothérapeutiques
Résumé
Dans les jeux de hasard et d’argent (JHA), les comportements de jeu risqués et problématiques sont liés à des stratégies émotionnelles inadaptées qui peuvent contribuer à maintenir des comportements addictifs. En conséquence, les joueurs problématiques sont susceptibles d’utiliser des stratégies moins efficaces, car le jeu diminue le niveau de valence des émotions et comble un ennui ressenti. Le but de cette étude était de tester si les difficultés chroniques à réguler les émotions et les sentiments de honte étaient associés à la gravité de la dépendance au jeu pour proposer des interventions psychothérapeutiques adaptées aux joueurs.
Méthode
Nous avons mené une enquête en ligne dans un échantillon final composé de 1 520 participants dont 68 % d’hommes, 32 % de femmes, âgés en moyenne de 51 ans (ET = 14) qui ont déclaré jouer au moins une fois au cours des 12 derniers mois à un JHA. La typologie des joueurs (ICJE), les stratégies de régulation émotionnelle (DERS-F), les émotions réflexives (Tosca), l’auto-efficacité (SEP) et les caractéristiques sociodémographiques ont été interrogées.
Résultats:
Comparativement au groupe des joueurs à faible risque, les joueurs sans risque ont moins de problèmes de régulation émotionnelle, tandis que les joueurs à risque modéré et les joueurs problématiques ont déclaré avoir plus de difficultés à réguler les émotions négatives. Les Odds ratio sur le sentiment de culpabilité était 17% plus élevé chez les joueurs sans risque que chez les joueurs à faible risque, tandis que les OR sont 43% plus faibles chez les joueurs problématiques. Nous n’avons trouvé aucun effet sur le sentiment de honte et d’auto-efficacité.
Conclusions:
L’étude confirme que la sévérité du jeu problématique est associée à des difficultés de régulation émotionnelle et à moins de culpabilité. Ces résultats nous poussent à développer et mettre en place des protocoles thérapeutiques adaptés comme la thérapie d’acceptation et d’engagement ou le protocole unifié de Barlow.