Dans le contexte de promotion de thérapies plurielles à destination des personnes atteintes de maladies chroniques en France, en particulier atteintes de cancer, certaines thérapies jadis disqualifiées sont désormais conseillées et/ou exercées par des professionnels de santé statutaires en institution. C’est le cas de la méditation mindfulness (ou méditation de pleine conscience) qui a gagné une légitimité médicale par le biais de méthodes d’objectivation standard. Proposée dans le cadre des soins dits de support, la méditation est considérée comme une thérapie complémentaire. En dépit de circulaires et guides de bonnes pratiques, et alors même qu’elle est pratiquée dans des centres spécialisés, par des médecins spécialisés déjà impliqués dans les traitements des patients, sa réception parmi les professionnels de santé demeure contrastée. En prenant l’exemple des protocoles dits basés sur la mindfulness, nous analysons la persistance de tels mécanismes, récurrents dans l’histoire de la médecine en France, à partir de deux terrains complémentaires menés principalement à hôpital. Érigé en protocole médical tout en restant indissociable d’un héritage spirituel à la fois revendiqué et tenu à distance, la méditation mindfulness est exemplaire de l’imbrication entre rationalité scientifique et religieuse ou spirituelle, et des négociations qu’elle suscite au sein de l’institution hospitalière, tout en suggérant un déplacement de la posture soignante.