: Tenir compte des spécificités des élèves, favoriser leur motivation, leur engagement dans les activités d’apprentissage, sont des objectifs que poursuivent les recherches dans le domaine des Environnements Informatiques pour l’apprentissage Humain (EIAH). C’est notamment le cas du projet LudiMoodle, projet e-fran financé par l’Etat et la Caisse des Dépôts, qui porte sur la ludification du calcul littéral pour favoriser le comportement motivé d’élèves en classe de 4ème. Co-conçu avec des enseignants en mathématiques selon un processus itératif, LudiMoodle propose une ludification adaptative tenant compte des caractéristiques individuelles des élèves (motivation, préférences de joueur). Cette adaptation a été rendue possible par l’étude des conditions écologiques permettant de favoriser le comportement motivé de l’élève. L’approche écologique (Bateson, 1936 ; Bronfenbrenner, 1979 ; Latour, 2015) s’intéresse : 1) à ce que font les acteurs en interrelation avec des actants (humains et/ou instruments) en situation réelle au sein d’une niche écologique (Niveleau, 2006) dans laquelle ils exercent, et potentiellement développent, leurs capacités (Fernagu-Oudet, 2022) ; 2) aux conditions qui leur permettent de le faire dans un objectif de reproductibilité. L’approche écosystémique développée par Bronfenbrenner (Ibid.) offre un cadre heuristique pour étudier le comportement du sujet d’un point de vue situé au niveau micro, et l’interpréter au regard des interrelations qu’il entretien avec d’autres niveaux (micro, méso, exo et macro) : « le développement humain est ainsi pensé de manière globale : comme une évolution de ses structures internes sous l’effet de ses différentes interrelations sociales et instrumentales » (Reyssier, 2022). Cette approche s’inscrit dans la lignée des travaux en phénoménologie et en particulier de l’approche écologique de l’affordance (Gibson, 1979 ; Simonian, 2022) qui envisage les variations de comportement par une variation des besoins et de la perception des propriétés de l’environnement informant les sujets sur les possibilités, ou « affordances », de les satisfaire ou pas. Cette perception de possibles dépendrait des propriétés des conditions socioculturelles (Morgagni, 2011 ; Simonian, Ibid), des intentions (Stoffregen, 2003) et capacités du sujet (Turvey, 1992). Dans le projet LudiMoodle, le développement de l’élève a été étudié et interprété à différents niveaux: 1) au niveau macro par le rapport socioculturel aux mathématiques ; 2) au niveau exo via le curriculum sélectionné et les documents d’accompagnement des enseignants, dans la perspective d’intéresser les élèves aux mathématiques ; 3) au niveau micro au sein de l’espace classe ce qui a permis d’identifier les interrelations dans les couplages élève-EIAH (effet de l’adaptation sur la motivation, en fonction de la motivation initiale et du profil de joueur de l’élève), élève-enseignant (effet du style motivationnel de l’enseignant sur la motivation, la persévérance et la performance de l’élève), enseignant-EIAH (affordances perçues de motiver les élèves). L’ensemble de ces analyses a permis de faire des préconisations et d’envisager, dans le cadre d’une ingénierie de formation, de former les enseignants aux usages de ce type d’EIAH dans le but de favoriser le comportement motivé de leurs élèves.