La géothermie du Dogger parisien (1970-mi 1980’s) est érigée en France, voire à l’international, comme un cas exemplaire de développement d’une ressource en géochaleur grâce à un soutien ambitieux des pouvoirs publics. Ce chapitre propose une analyse historique et critique de ces développements. Il s’agit de suivre les temps et les contretemps qui ont marqué cette expérience et qui ont pu en troubler le déploiement et les apprentissages. L’analyse aborde la géothermie profonde comme un cas de système énergétique polyrythmique à la recherche de ses modalités d’orchestration. Elle étudie la mise en place de cette politique et de ses développements locaux à l’aune de la pulsation des fossiles (les chocs et contre-chocs pétroliers) et des fluctuations du milieu géologique. Si cette politique parvient dans les années 70’s à réunir les conditions de son déploiement, elle découvre progressivement les liens qu’elle entretenait avec des mutations économiques et des processus bio-géologiques dont elle sous-estimait l’importance et qui mettent à l’épreuve ses moyens et ses ambitions au cours des années 1980’s. Alors que la France s’apprête à réengager une politique ambitieuse de développement de la géothermie profonde après plusieurs décennies de désinvestissement de ce secteur (PPE, 2019), cette analyse souhaite contribuer à dégager les leçons de cette expérience pionnière.