Cet article s’emploie dans un premier temps à comprendre ce qui fait les normes monastiques qui régissent la vie des moines et des moniales, des origines du monachisme en Occident (IVe siècle) jusqu’à la fin du Moyen Age. Ces normes ont été progressivement mises par écrit dans des textes normatifs (règles, coutumiers, constitutions…) mais aussi narratifs (en particulier les sources hagiographiques) qui se sont enrichis et complexifiés au fil des siècles. Elles relèvent également de pratiques qui se sont transmises au sein même des communautés, à travers l’enseignement et l’imitation des religieux les plus expérimentés (véritables règles vivantes). Il s’agit dans un second temps de mesurer l’importance des critères genrés dans la construction normative : dans quelle mesure les femmes ont pu agir dans le processus normatif et comment l’Église a agi à leur égard ? L’historiographie estime en général qu’elles n’ont guère joué de rôle, voire qu’elles n’ont guère intéressé l’institution ecclésiale. Pourtant, l’analyse attentive des sources tendrait à montrer qu’elles ont su très tôt s’insérer dans le système normatif, y compris parfois dans l’élaboration des règles ou dans leur réforme, mais surtout dans toutes leurs mises en pratique (coutumes locales et règles vivantes).