« Nature » et « mouvement » sont des notions prépondérantes quand il s’agit de prêter attention à « la pensée chinoise ». Qu’en dire plus précisément au regard de l’architecture chinoise ? Afin d’apporter un élément de réponse à cette vaste question, une approche conceptuelle de ces termes sera tout d’abord nécessaire pour donner certaines clés de compréhension indispensables à l’ouverture des portes de l’univers sinologique que nous investirons ensuite au regard du concret. Une architecture contemporaine fera l’objet de plus longs développements : le pavillon de la Chine construit pour l’exposition universelle qui s’est tenue à Dubaï (2021-2022). L’idée est de proposer une « lecture » de ce bâtiment en forme de lanterne, en vue d’en décrypter le sens. Conçu selon le principe de la « fusion de l’Orient et de l’Occident avec la culture chinoise en son centre », ce pavillon traduit la pensée néo-confucéenne mise au service de projets géopolitiques promus par Xi Jinping, le président de la République Populaire de Chine. Sa forme ronde est associée au ciel, surplombant une surface carrée représentant la terre, l’ensemble dessinant une cosmographie censée mettre en mouvement l’univers à partir de la Chine, placée en son centre. De telles perspectives d’ordonnancement du monde au regard du « Pays du Milieu », associées à des élans nationalistes et impérialistes à peine voilés, sont étroitement liées à la cosmologie chinoise et à l’idée de « mobilité » soutenue par les quatre inventions chinoises que l’architecture de cette lanterne rouge appelée « lumière de Chine » est censée évoquer : la fabrication du papier, la boussole, la poudre à canon et l’imprimerie à caractères mobiles. L’édifice met en scène différents jeux de lumière par lesquels il irradie le ciel et est incessamment fluctuant, inscrit dans un mouvement perpétuel. Se voulant le nouveau phare du monde, la Chine s’expose ainsi, par le biais de l’architecture de son pavillon et des expositions qui y ont pris place, à la pointe des innovations et des inventions les plus futuristes, montrant le chemin vers le futur en ouvrant de nouvelles voies de communication (terrestres, maritimes et spatiales).