Si de nos jours la sculpture est perçue comme un art à part entière et autonome, elle n’était pas envisagée de même au cours du Moyen Âge. Entre le XIe et le début du XIIIe siècle, la majorité des décorateurs des édifices ne sont autres que les constructeurs eux-mêmes. Derrière le sculpteur se cache souvent un tailleur de pierre. Son travail connaît plusieurs facettes : la taille de la pierre et la sculpture en sont les plus importantes. Ces différentes tâches de l’artisan ne peuvent être dissociées. Afin d’entrevoir cette double-identité du sculpteur roman, il est nécessaire de se pencher tant sur le vocabulaire de l’artisan que sur des œuvres intermédiaires entre le travail de la pierre et celui de la sculpture. Tout d’abord, les mots, à travers la langue qu’emploie l’artisan, sont souvent différents de nos définitions actuelles et un retour à ces termes oubliés permet de comprendre que la frontière entre taille de la pierre et sculpture était alors plus que poreuse. Le vocabulaire du travail de la pierre en ancien occitan vient en témoigner pour la zone ici étudiée. L’aire géographique envisagée correspond en effet aux confins septentrionaux et orientaux de l’Aquitaine féodale à travers des exemples qui se retrouvent dans les marges de l’Auvergne, du Berry et du Limousin. C’est dans cette zone que vont être abordées plusieurs œuvres oubliées possédant des caractéristiques propres aux travaux des tailleurs de pierres et des sculpteurs. Tous ces éléments permettent de mettre en lumière l’identité d’artisans aux tâches multiples qui nous ont légué des sculptures et des monuments se voulant être un écrin pour ces œuvres de pierres.