Objectifs : Optimisation des conditions de dissipation des dioxines/furanes d’un sol historiquement pollué grâce à la phytoremédiation assistée par les champignons mycorhiziens. Caractère innovant : La phytoremédiation assistée par les champignons mycorhiziens à arbuscules (CMA) des sols contaminés par certains polluants organiques persistants, notamment les hydrocarbures aromatiques polycycliques et les polychlorobiphényles, a déjà été rapportée dans la littérature (Gao et al, 2011 ; Li et al, 2013). En revanche, aucune étude n’a été décrite dans le cas des sols historiquement pollués par les dioxines/furanes (PCDD/F). Ce travail permet non seulement d’étudier, pour la première fois, l’efficacité de la phytoremédiation assistée par les CMA à dissiper les PCDD/F dans un sol historiquement pollué, mais aussi de tester différentes stratégies afin d’optimiser les conditions de dégradation des PCDD/F par cette phytotechnologie. Le sol est considéré comme une ressource non-renouvelable qu'il importe de préserver. Malheureusement, dans le monde, des millions de sites pollués sont répertoriés en héritage de plusieurs décennies d’activités industrielles. Parmi les nombreux polluants détectés dans ces sols, figurent les Polluants Organiques Persistants (POP) dont les dioxines/furanes (PCDD/F). Ces derniers s’accumulent dans la chaîne alimentaire, principalement dans les graisses animales. Plus de 90% de l’exposition humaine passe par l’alimentation, notamment les produits laitiers, les poissons et les fruits de mer. Les PCDD/F issues de rejets atmosphériques présentent une toxicité accrue chez l’Homme. Ils perturbent le système immunitaire et hormonal et présentent des effets cancérigènes. Ces polluants peuvent être éliminés dans les sols via la phytoremédiation assistée par les champignons mycorhiziens à arbuscules (CMA). L’intérêt d’utiliser les CMA dans cette phytotechnologie est double : d’une part, ils stimulent la croissance des plantes en améliorant les nutritions hydrique et minérale et en atténuant la phytotoxicité des polluants et d’autre part, ils participent à la dissipation des polluants. Après une première étude de faisabilité ayant mis en évidence la présence des spores de CMA dans le sol contaminé par les PCDD/F, la capacité de germination des spores de CMA et de graines des plantes en présence des PCDD/F, le présent travail a pour objectif de tester différentes conditions de dégradation des PCDD/F (200 ng/kg) d’un sol prélevé sur le site expérimental de la ferme Noir Pot à Halluin, végétalisé par de la Luzerne, du Trèfle, du Ray-grass, de la Fétuque ou d’un mélange de plantes Rusti’Flore amendé ou non par un inoculum mycorhizien commercial Solrize®. Nos résultats montrent que ces espèces végétales sont capables de croître et d'être mycorhizées à des taux allant de 40 à 70% malgré la présence des polluants. De plus, des réductions allant de 15 à 20% des teneurs initiales en PCDD/F ont été obtenues notamment avec la Fétuque et le Ray-grass après 5 mois de culture. L’optimisation des conditions de dégradation des PCDD/F a été poursuivie en testant d’autres inocula mycorhiziens, en prolongeant la durée de culture, en rajoutant un biosurfactant et une bactérie à capacité dégradante des PCDD/F. Des outils moléculaires (qPCR et T-RFLP) ont été utilisés afin de suivre l’évolution des communautés microbiennes (bactérienne et fongique) du sol qui seraient impliquées dans la rhizodégradation des PCDD/F.