Le terme « Espèce susceptible d’occasionner des dégâts » (ESOD) a succédé à celui de « nuisible » dans la législation. Ce dernier était hérité d’un code rural publié sous la Troisième république, à la fin du XIXe siècle, dont l’article 293 résultait lui-même de l’article 9 de la loi sur la chasse de 1844. Ces textes désignaient alors les espèces d’animaux « malfaisants et nuisibles ». Le terme « nuisible » est passé dans le code de l’environnement quand, lors de sa promulgation en 2000, la matière cynégétique y a été transférée. Son remplacement par la locution « espèce susceptible d’occasionner des dégâts » est intervenu en 2016. Il n'en reste pas moins que les classements nationaux reposent le plus souvent sur des bases factuelles insuffisamment documentées, à des échelles mal définies écologiquement, sur des objectifs de gestion non-explicites, et les effets de ce classement ne sont jamais mesurés. Cet article illustre comment se pose la question de façon concrète, sur l’exemple du Renard roux, Vulpes vulpes, une espèce souvent (mais pas toujours) classée ESOD, qui fait l’objet de débats passionnés dès lors qu’on discute de son classement.