Peu d’études anthracologiques ont été appliquées aux périodes historiques récentes dans un contexte militaire. Pourtant, jusqu’à la Révolution Industrielle, le bois constituait une ressource stratégique pour les armées, notamment pour la construction navale et les baraquements, mais aussi pour l’éclairage, le chauffage ou la cuisine des troupes. L’intégration des études anthracologiques à l’archéologie des conflits vise à évaluer l’impact des guerres sur la dynamique et la diversité des forêts exploitées par les armées pour couvrir leurs besoins en bois de feu. Deux études de cas seront présentées. Le camp napoléonien d’Etaples (France), implanté de 1803 à 1805, fut l’un des premiers camps militaires modernes à faire l’objet d’une étude anthracologique en France. Selon les estimations, les besoins officiels en bois de feu des troupes napoléoniennes stationnées à Etaples auraient nécessité l’exploitation de 32 ha de forêts par an. Cependant, les pénuries associées aux difficultés d’approvisionnements en bois de feu entraînèrent des collectes opportunistes de bois dans des forêts environnant le camp. Ces prélèvements sont difficiles à évaluer bien qu’ils furent à l’origine de dommages préjudiciables dont les sources écrites rendent compte et que les analyses anthracologiques viennent confirmer. Les camps de Ninove (Belgique), datant des XVIIe et XVIIIe siècle, font actuellement l’objet de recherches anthracologiques dans le cadre d’une thèse menée au Museum National d’Histoire Naturelle. Ce site offre l’opportunité d’étudier l’évolution du paysage entre deux périodes d’occupation (1692-1693 et 1745) ainsi que l’amélioration des systèmes logistiques entre deux conflits (guerre de le Ligue d’Augsbourg : 1688-1697 ; guerre de la Succession d’Autriche : 1740-1748). En campagne, les armées vivaient en partie des contributions (grains, viandes, bois, monnaie…) ponctionnées sur les territoires occupés. Cependant, les soldats devaient également collecter le bois dont ils avaient besoin de manière opportuniste principalement dans des boisements de bord de cours d’eau, à l’instar du camp d’Etaples.