Il s'agit d’un corpus dont la forme naît d’une rencontre, à l’endroit du verger, de deux ordres d’écrits : l’un technique, l’autre poétique. Mes recherches portent sur l’écriture du verger au 21e siècle, à travers un corpus agropoétique prenant ensemble les facettes matérielles et figurales du verger comme lieu/topos. Ce corpus ne résulte pas d’une construction, il est plutôt né du croisement de manuels horticoles et de recueils poétiques. Une naissance comme monstrueuse, dont je tenterais de décrire le corps-corpus étrange qui en émane. Il se dessine en gestes rayonnant en « foyers de sens » (Besse, 2018) agropoétiques : greffer, entretenir, cueillir, manger. Chacun a trait simultanément à l’écriture et au jardinage du verger. À titre d’exemple, entretenir est aussi « s’entretenir », appelant une réflexion (précautionneuse, comme le veut Marielle Macé dans son livre Une pluie d’oiseaux, 2022) autour des conversations multispécifiques se faisant dans le temps long du care. La matière naissante du corpus est façonnée par trois lectures. Une première, généalogique, est verticale. Une deuxième, intertextuelle, est horizontale. Une troisième est frontalière, sort des livres pour réfléchir depuis le dehors aux rencontres animales et végétales à l’origine d’un écrire-avec. D’une sympoétique ?