La fouille de Beuzeville - La Pomme d’Or a été motivée par l’aménagement d’un contournement routier et d’un giratoire au sud-ouest du bourg actuel. L’opération a été menée du 6 septembre au 26 novembre 2010, sur une surface de 1,25 ha. Ce secteur, comme le reste du Pays d’Auge, apparaît à l’heure actuelle comme un « désert archéologique » dans lequel rares sont les sites bien documentés. La mise en évidence d’une probable occupation rurale gallo-romaine, lors du diagnostic réalisé par la MADE en avril 2010, constituait donc l’occasion de documenter la période antique dans cette région encore largement méconnue. L’opération archéologique a ainsi mis en évidence une occupation relativement courte, de l’ordre de 3 à 4 générations, caractérisée par un parcellaire orthonormé très évolutif et des bâtiments sur poteaux renvoyant sans doute davantage à des activités agricoles qu’à de l’habitat. Le mobilier collecté se résume à un ensemble céramique particulièrement homogène, dont la datation s’étend du milieu du Ier siècle à la deuxième moitié du IIe siècle. La rareté de la céramique fine semble refléter le caractère modeste de cette occupation dont l’habitat n’a semble-t-il pas été identifié dans le cadre de la fouille. L’étude de cette céramique a en outre montré que, bien que nous nous situions probablement en territoire lexovien, les approvisionnements semblent se faire à la fois auprès d’ateliers bas-normands (plaine de Caen) et haut-normands (présence de productions bien connues en Pays de Caux). La structuration du site semble s’organiser autour de deux enclos successifs. Le premier se situe en limite d’emprise, au sud, et n’a été que très partiellement reconnu. L’absence de mobilier et de structure significative suggère que nous n’ayons touché que les parties agricoles de cette occupation, et empêche en outre son attribution chronologique précise. Son appartenance à la période de la Tène finale, bien que techniquement possible, reste donc très hypothétique. Le second enclos est quant à lui quadrangulaire et couvrirait, d’après les restitutions que nous en proposons, une surface de l’ordre de 12 000 m². Encore une fois, les éléments collectés lors de la fouille suggèrent que seuls les secteurs dévolus aux activités agricoles aient été observés. Hormis des fosses d’extraction de limon, sans doute destiné à la construction de bâtiments en terre et bois, quelques rares structures de stockage illustrent la présence, sur le site, d’activités artisanales et / ou domestiques. Le site paraît abandonné dans la seconde moitié du IIe siècle et n’a pas livré de trace d’une réoccupation médiévale. A l’époque moderne, en revanche, les lieux font l’objet d’une restructuration et d’un réaménagement parcellaire, qui reprend l’orientation et certaines lignes directrices de l’occupation gallo-romaine. Dans la partie orientale de la fouille, à l’extérieur de l’enclos gallo-romain, nous avons ainsi reconnu de nombreux états d’un aménagement parcellaire complexe dont la création ne paraît pas antérieure au XIVe siècle, et dont certains éléments ont perduré jusqu’au XIXe siècle.