La présence des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem fut particulièrement précoce en Gapençais, puisque les premières donations adressées à la nouvelle fraternité charitable furent contemporaines de la Première croisade. On centrera par conséquent le propos sur les modalités de l’arrivée de ce nouveau courant religieux lié à la Terre sainte dans ces diocèses alpins marqués à la fois par l’action des réformateurs grégoriens et de la famille comtale de la branche de Forcalquier. Il faudra donc déterminer les soutiens dont les frères purent bénéficier, certes d’abord auprès du clergé et de l’aristocratie locale, mais aussi de multiples donateurs plus obscurs mentionnés dans le « rôle des donations » à la commanderie, compilé dès le début du XIIe siècle. Dans cet espace stratégique sur la route vers l’Italie, sans doute l’activité des frères s’inscrit-elle dans un mouvement de fondations hospitalières, parmi lesquelles celle de la fraternité de Saint-Antoine. Si les archives propres de la commanderie de Gap n’ont pas été conservées, laissant plus ou moins dans l’ombre l’histoire de cette maison tout au long du XIIIe siècle, plusieurs enquêtes du siècle suivant attestent l’implantation de l’Hôpital dans la cité ainsi qu’en plusieurs points du diocèse. Il devient dès lors possible d’éclairer le réseaux des maisons ainsi que leur personnel, tout comme les enjeux de la présence d’un ordre militaire dans ces terres disputées entre Provence et Dauphiné.