De Gui Foucois à Clément IV, de Saint-Gilles à l’horizon méditerranéen : croisades et ordres militaires
Résumé
It is well known that Southern France was a land of choice for the religious-military orders of the Hospital and the Temple, and that southern societies were deeply involved in the crusades, whether they were directed towards the Holy Land or against the enemies of the Roman Church, from the “heretical Languedoc” to “Ghibelline Italy”. However, in an overall discussion on “Clement IV and the Midi”, we can question the specifically southern experience of Gui Foucois who became pope. Born in St. Gilles, might he not have been shaped by his Mediterranean origins, in a region where the military orders were prevalent in the socio-religious landscape? The present article attempts to evaluate the pope’s policy towards the holy war against the infidels, then towards the military orders, and finally towards the “political crusades” in the service of the Angevin branch of the Capetian dynasty. We thus confirm that these three aspects of a theocratic vision of Christian society were fundamentally linked. Finally, the paper returns to the experience of Gui Foucois in the Lower Rhone, where the legacy of his father Pierre Foucois, as well as the first relationships with Hospitaller and Templar brothers, may have determined part of his later government. The study is basically grounded on a corpus of more than a hundred bulls, for the most part transmitted by the archives of the priories of Saint-Gilles and Toulouse of the Order of Malta.
Il est bien connu que le Midi de la France fut une terre d’élection pour les ordres religieux-militaires de l’Hôpital et du Temple et que les sociétés méridionales furent durablement marquées par le phénomène des croisades, que celles-ci fussent dirigées vers la Terre sainte ou bien contre les ennemis de l’Église romaine, du « Languedoc hérétique » à l’« Italie gibeline ». Or, dans le cadre d’une réflexion d’ensemble sur « Clément IV et le Midi », on peut s’interroger sur l’expérience proprement méridionale de Gui Foucois devenu pape. Né à Saint-Gilles, celui-ci ne fut-il pas marqué par ses origines méditerranéennes, dans une région où les ordres militaires dominaient le paysage socio-religieux ? Le présent article s’efforce d’évaluer la politique du pape à l’égard de la guerre sainte contre les infidèles, puis des ordres militaires, et enfin des « croisades politiques » au service de la branche angevine de la dynastie capétienne. Nous confirmons ainsi que ces trois versants d’une vision théocratique de la société chrétienne furent fondamentalement liés. L’article revient enfin sur l’expérience de Gui Foucois dans le Bas-Rhône, où l’héritage de son père Pierre Foucois comme les premières relations de confiance contractées avec des frères hospitaliers et templiers, ont pu déterminer une partie de son gouvernement ultérieur. L’étude se fonde essentiellement sur un corpus de plus d’une centaine de bulles, pour la plupart transmises par les fonds des prieurés de Saint-Gilles et de Toulouse de l’ordre de Malte.