Les rapports entretenus entre l'orchestre et les claviers traversent le XVIII e siècle et suivent notamment les évolutions de leurs genres musicaux respectifs, dont la symphonie, les ouvertures d'opéra ou la sonate. Dans son History of music, en 1782, Charles Burney souligne ainsi les qualités et la nouveauté des sonates de Johann Schobert, qui parviennent à « imiter les effets d'un orchestre » (« imitating the effects of an orchestra 1 »). Alors qu'il les introduit en Angleterre par l'édition en 1766, Burney précise qu'un clavecin permet de mieux rendre le feu, l'énergie et le flux de notes qui animent ces sonates plutôt qu'un piano-forté 2. Ce témoignage montre les rapports étroits qu'entretiennent les claviers avec l'orchestre. Dans ces rapports, l'accompagnement du violon joue un rôle important puisqu'il permet aux claviers d'augmenter leurs capacités à rendre les effets de l'orchestre, favorisant ainsi l'essor et la diffusion des répertoires, mais aussi celui des claviers eux-mêmes, dont les limites naturelles peuvent alors être dépassées. Dès le XVIII e siècle, de nombreuses oeuvres pour orchestre sont ainsi arrangées et publiées en version pour clavecin ou piano-forté seul, plus fréquemment encore pour clavier avec un accompagnement de violon ou de violon et de violoncelle. Parfois la harpe, instrument à la mode en France depuis les années 1770, peut être substituée au clavier. Ces publications, à côté de la partition d'orchestre souvent publiée également-mais uniquement pour les opéras, l'édition de partitions d'orchestre pour les symphonies n'apparaissant vraiment qu'au début du XIX e siècle-, participent à la diffusion et à la connaissance de ces oeuvres initialement destinées à l'orchestre, permettant de les jouer et entendre en dehors des représentations au théâtre ou du concert 3. Si les éditions de tels arrangements fleurissent dans la seconde moitié du XVIII e siècle, et mettent souvent en avant le nom des arrangeurs 4 , rares sont alors les textes qui les abordent. Autour de 1800, deux méthodes de clavier parmi les plus diffusées traitent cependant de l'art « d'accompagner la partition », lequel consiste à réduire aux instruments à clavier, parfois à vue, une pièce orchestrale, souvent l'accompagnement d'un air chanté.