En 2013, le gouvernement français crée la mission interministérielle de protection des femmes contre les violences et de lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) qui s’insère dans le 4e plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes. Un des volets de cet observatoire concerne l’amélioration de la connaissance des phénomènes de violence venant ainsi renforcer et compléter les études portant sur les conditions de travail comme l’enquête conditions de travail (DARES) où certains types de violence sont peu appréhendés. Ou celles portant sur les violences qui abordent peu celles du monde du travail (Cavalin, 2012). Dans ce cadre, l’enquête nationale VIRAGE (violence et rapport de genre) pilotée par l’INED (Institut National des Etudes Démographiques) voit le jour. Elle dresse une typologie des violences permettant de différencier les situations selon la nature, le contexte, la gravité et les conséquences des actes ainsi que la similarité des violences subies par les personnes des deux sexes. L’enquête téléphonique est réalisée en 2015 auprès d’un échantillon représentatif de plus de 27 000 personnes (15 000 femmes et 12 000 hommes) âgées de 20 à 69 ans, résidant en France métropolitaine. Plusieurs modules composent ce recueil de données qui permet d’examiner différents lieux et temps de violence dont un portant sur le travail. Les questions du module travail ont été posées à toutes les personnes qui ont exercé une activité professionnelle d’au moins 4 mois dans les douze derniers mois précédents l’enquête. L’objectif de cette communication est de proposer une réflexion sur la définition et la mesure d’une forme spécifique de violence, celle qui porte directement sur l’activité de travail ainsi que l’incidence du genre sur celles-ci que ce soit au niveau des victimes ou au niveau des auteurs de ces violences. Ce type de violences regroupe trois faits : les modifications abusives de l’organisation du travail ; l’empêchement de communiquer et le sabotage du travail ou de l’outil de travail. Ainsi, plus de 17 000 personnes répondent au module travail. Près de 18% déclarent y avoir subi des violences au cours des douze derniers mois et 38,20% d’entre elles signalent une atteinte à leur activité de travail. Les résultats montrent la particularité de ce type de violence. En effet, les victimes sont plus souvent des hommes que des femmes. Les principaux auteurs se révèlent être des supérieurs hiérarchiques. Généralement les auteurs sont du même sexe que les victimes. De plus, les répondants le jugent bien plus grave que d’autres faits tels que les pressions psychologiques ou en encore le harcèlement sexuel. Ce sont ces éléments qui seront présentés et discutés au regard du sens donné à l’activité de travail. En France, seul le produit du travail est une marchandise, non pas le travail ou la force de travail. C’est cette particularité qui donne son importance et son sens à l’activité de travail et par là, lui confère une valeur. Ainsi, L’atteinte à l’activité de travail traduit un type de violence difficilement acceptable socialement ce qui, en partie, pourrait expliquer le taux de gravité important qui lui est accordé. Références Beque M., Mauroux A., Baradji E., Dennevault C. (2017) Quelles sont les évolutions récentes des conditions de travail et des risques psychosociaux ?. DARES Résultats n°082, décembre. Cavalin C. (2012). Violences au travail : que mesure-t-on dans les enquêtes ?. Connaissances de l’emploi n°96, Centre d’études de l’emploi, septembre.