Partout ou presque dans les recherches et les pratiques en éducation, l’idée de crise s’impose depuis la pandémie de Covid-19. Cela comme si la spécificité de cette période pouvait occulter la lancinance et l’universalité d’autres crises. Bien sûr, les inégalités scolaires et sociales s'étaient creusées et aggravées avant elle, même si elle a obligé à un autre « grand bricolage » (De SaintMartin & Gheorghiu, 2010), jusqu’à instituer la discontinuité pédagogique comme un nouveau paradigme. Il nous apparaît pourtant souhaitable et salutaire de « dé-covidiser » nos recherches et pratiques, tant la crise pandémique subsumerait une crise (plus profonde) en éducation et dans la société, tant des pratiques éducatives s’enrégimenteraient dans ce paradigme, tant nombre de personnels et professionnel.le.s de l’intervention et de la recherche ne jureraient que par cette discontinuité, plutôt que de chercher à se déprendre à et rompre avec cette nouvelle théorie de la rupture. Cela soulève plusieurs questions et des enjeux de recherche. Dans ce contexte, nous proposons d’étudier les effets populationnels et structurels d'une covidisation des recherches et pratiques en éducation, en opérant un travail critique de déconstruction de représentations et catégories produites dans et par les sociétés et écoles de la performance. Par-delà l'influence de représentations stéréotypiques générant un discours polarisé sur la réussite et l'échec scolaires, nous montrerons la diversité des contrastes et des effets (pédagogiques, scolaires, psychiques, sociaux et politiques), ainsi que les impacts négatifs et positifs de la pandémie dans les milieux de pratique et de recherche en éducation, ainsi que dans les milieux associés. Le développement d’ingénieries coopératives et de coenseignements en éducation, le partage et la redistribution du leadership dans les écoles et la réélaboration de politiques scolaires inclusives avec les élèves-acteurs du système sont autant de pratiques à repenser.