Dans « Le corps utopique » (1966), Michel Foucault fait du corps le point de départ de toute utopie. Au cœur de cette utopie corporelle, la possibilité, le rêve ou le fantasme d’augmenter (ou de prolonger) les capacités du corps occupent une place centrale. Cette augmentation du corps peut se faire de multiples manières : par ajout (de compléments corporels, accessoires ou implants), par une modification de l’apparence corporelle (maquillage, chirurgie esthétique, tatouages, accessoires), en accroissant les facultés physiques et mentales par la chimie (potions, injections, dopage, drogues), par mutation génétique, par appareillage, greffe bionique ou ajouts techniques permettant d’augmenter les capacités sensorielles ou les performances physiques du corps (casques de réalité virtuelle, exosquelettes) ou encore par clonage (augmentation par nombre). La thématique du corps augmenté éveille les imaginaires et est étroitement reliée à la littérature, à l’écriture. Elle convoque également des questions d’éthique, de droit, elle met au centre de la réflexion la question de l’identité ainsi que, notamment dans la littérature de science-fiction, la relation entre libertés individuelles et pouvoirs. Le présent numéro propose d’aborder la question du corps augmenté à travers une perspective résolument transdisciplinaire qui fait la part belle à l’exploration des imaginaires et aux expérimentations artistiques que cette question convoque.